Interview/Thierry Lepercq : « Le principe de base du projet HyDeal Espana, c’est le solaire captif »

Fondateur de la société Solairedirect qu’il a revendue en 2015 à Engie, Thierry Lepercq s’est orienté ces dernières années dans le business de l’hydrogène avec sa société Soladvent. Avec le lancement du projet ibérique HyDeal Espana dont dont il est président de la joint-venture et porte-parole de HyDeal Ambition, il tient son Graal : produire de l’hydrogène vert industriel à grande échelle. Autour d’un principe : le solaire captif. Explications !

Plein Soleil : Quelle est la principale innovation dans ce projet Hydeal Espana dont la capacité totale installée, considérable rappelons-le, atteindra 9,5 GW d’énergie solaire et 7,4 GW d’électrolyseurs d’ici 2030?

Thierry Lepercq : La vraie nouveauté réside dans le fait qu’Hydeal Espana est une société à part entière, une joint-venture au sein de laquelle on retrouve deux gros acteurs industriels, Arcelor Mittal dans la sidérurgie et Fertiberia pour les engrais, qui s’engagent à acquérir 6,6 millions de tonnes  d’hydrogène sur vingt ans. Pour ces industriels, l’enjeu commercial est majeur, soumis à de fortes pressions quant à la politique de décarbonation de leur activité.

PS : Concrètement, cela change quoi ?

TL : Le fait d’agréger la demande de ces industriels permet de dérisquer le projet et d’en diminuer le risque crédit et, par la même, le coût de financement. Ce montage rend alors possible la mise à l’échelle du système et permet de générer de gros volumes tout de suite et de faire rivaliser l’hydrogène vert avec les énergies fossiles. C’est cela qui est révolutionnaire. Nous apportons un message historique à tous les utilisateurs d’énergie. L’hydrogène devient une commodité qui est en capacité de remplacer le charbon, le pétrole et le gaz naturel.  Ce nouveau modèle économique qui requiert plusieurs milliards d’euros d’investissement, bouscule tout. A 1,5 euro le kg d’hydrogène, il est possible d’irriguer tout un tas d’activités, jusqu’à la mobilité électrique bien sûr.

« Il n’existe pas d’alternative au solaire »

PS : Pour le montage de ce projet, vous employez la formule de solaire captif. Qu’est-ce que cela signifie ?

TL : En fait, seule l’énergie solaire permet de réaliser une telle aventure industrielle. Le principe de base du projet HyDeal Espana, c’est le solaire captif, histoire de coût et de disponibilité de la ressource. Il n’existe pas d’alternative au solaire pour atteindre les 15 euros le MWh, transport compris. C’est aussi pourquoi de tels projets ne sont possibles que dans le Sud de l’Espagne ou du Portugal ou encore de l’autre côté de la Méditerranée comme au Maroc où nous avons des contacts pour réaliser d’autres grosses implantations plus ambitieuses encore. Dans le monde, toutes les régions de la « sun belt » sont éligibles à de tels projets.

PS : HyDeal Espana annonce-t-elle la révolution énergétique qui va nous délivrer de la dépendance aux fossiles ?

TL : C’est un fait. Le remplacement du pétrole par la combinaison solaire/hydrogène, est amorcé, une issue désormais tout à fait crédible pour enfin faire face aux changements climatiques. Les pays du Sud seront très vite en mesure d’approvisionner les nations d’Europe du Nord via des canalisations dédiées à l’hydrogène qui pourraient être installées le long de canalisations déjà existantes. Les coûts du transport par canalisations sont imbattables notamment par rapport au transport maritime. Avec des relocalisations possibles de nombreuses activités industrielles des deux côtés de la Méditerranée grâce à une énergie propre à coût maîtrisé. HyDeal España est donc l’arme parfaite contre la crise climatique et la flambée des prix de l’énergie”.

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