Le 31 décembre à 22h, la Commission européenne a fait entendre que le gaz et le nucléaire feraient partie de la taxonomie au titre d’énergie de transition. Cela va absolument à contre-sens de l’esprit initial de la taxonomie. Réactions à gauche de l’échiquier politique européen !
La taxonomie mis en place a un objectif clair : servir de guide pour définir ce qu’est un investissement vert. « Pour faire simple, un investissement est dit vert s’il respecte trois principes. Tout d’abord, il doit respecter 6 objectifs environnementaux (définis dans le texte), ensuite il ne doit pas créer de mal significatif ; c’est-à-dire ne pas menacer l’environnement ou les populations, et enfin il doit respecter certaines règles internationales, notamment en termes de droit du travail. Il s’agit donc de respecter et protéger à la fois l’environnement mais aussi l’humain » résume Aurore Lalucq, eurodéputée Place publique membre de la commission en charge des affaires économiques et monétaires.
Les lobbys nucléaires
Dans les faits cette taxonomie fonctionne “un peu comme un dictionnaire” poursuit l’eurodéputée. Par exemple, pour savoir si une production d’électricité est verte, elle doit émettre moins de 100 grammes de CO2 par KWh produit. Or, on voit bien que ni le gaz – qui dépasse les 100 g. CO2/KWh – ni le nucléaire – dont les déchets notamment peuvent causer un mal significatif – ne répondaient aux critères retenus. « La France a fait énormément de lobbying pour que le nucléaire entre dans la taxonomie. Pire, elle a conclu un accord avec les pays gaziers pour faire passer son nucléaire. En somme c’était : je ne vais pas contre ton gaz si tu défends mon nucléaire ; et c’est tout simplement inacceptable et incompréhensible puisqu’en l’état la taxonomie n’empêchait en rien l’investissement dans des activités polluantes » et l’eurodéputée de poursuivre : « le nucléaire et le gaz ne peuvent être présentés comme verts aux consommateurs et aux investisseurs ».
Investir dans l’efficacité énergétique, dans les renouvelables
« Si nous voulons préserver l’avenir de nos enfants, cette provocation doit cesser : qu’il reste des installations en service fonctionnant avec du nucléaire ou du gaz pour assurer la transition, c’est un fait. Mais encore faut-il réellement investir dans la transition, c’est-à-dire dans l’efficacité énergétique, dans les renouvelables » affirme Éric Andrieu, eurodéputé socialiste membre de la commission en charge de l’environnement. C’est pourquoi la gauche et les écologistes européens demandent à la Commission, en visite à Paris, et au Président Emmanuel Macron, de revenir sur ces actes délégués sur la taxonomie afin de retirer le gaz et le nucléaire du texte. Emmanuel Macron s’est récemment entretenu avec Ursula Von der Leyen dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Les eurodéputés revendicatifs attendent de voir si le gouvernement est capable de mener une vraie politique écologique, ou si, une fois encore, les actes sont décorrélés des paroles.