Le rapport « Energy Transition Readiness Index 2021 » montre que malgré l’implication croissante des sphères publique et politique, les réformes sur les marchés énergétiques engagées par les pays d’Europe pour faciliter la transition énergétique se font à des rythmes sensiblement différents. Détails !
L’Association britannique pour les énergies renouvelables et les technologies propres (REA), et Eaton, spécialiste de la gestion d’énergie et de la sécurité dans les bâtiments dévoilent la deuxième édition du rapport ETRI « Energy Transition Readiness Index 2021 » (Indice de préparation à la transition énergétique) réalisé par la REA en partenariat avec le Groupe Eaton. Ce rapport examine les marchés de l’énergie dans 12 pays européens[1] et évalue leur capacité à promouvoir l’adoption de l’électricité renouvelable pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone d’ici 2030.
Une croissance rapide de la production d’électricité renouvelable
L’ETRI 2021 fournit une nouvelle analyse des actions mises en place par les pays Européens, de celles à accomplir et souligne en particulier l’importance d’attirer les investissements privés dans les actifs de flexibilité et les services réseaux. C’est notamment cet investissement qui aidera les gouvernements nationaux à se diriger vers un avenir « net zéro ». Les pays inclus dans le rapport ont été classés selon un barème allant de 1 à 5 (1 correspondant au score le moins proche des objectifs fixés et 5 le score le plus avancé) en fonction des progrès réalisés en matière de :
- Soutien sociopolitique à la transition énergétique
- Capacité à exploiter les nouvelles technologies et les nouveaux modèles économiques
- Accès au libre marché pour les services de flexibilité
Les pays européens ont déjà fixé des objectifs ambitieux en matière d’électricité renouvelable pour 2030 afin de contribuer à la réalisation des objectifs de décarbonisation, ce qui a entraîné une croissance rapide de la production d’électricité renouvelable et des technologies énergétiques distribuées à faible émission de carbone. Ils risquent pourtant de ne pas être suffisamment ambitieux alors que les impacts du changement climatique deviennent plus critiques, et que les objectifs en matière d’électricité renouvelable sont susceptibles d’augmenter.
La Scandinavie, fer de lance de la Transition énergétique Européenne
Selon les résultats de l’enquête, les pays scandinaves sont les plus mâtures, tandis que l’Espagne et l’Italie doivent encore faire leurs preuves. La France, l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni se situent à mi-chemin avec un score moyen de 3.
La Norvège, le Danemark et la Suisse visent une proportion d’électricité renouvelable égale ou supérieure à 100 % de la consommation totale de la consommation totale d’ici 2030. Tous les autres pays sondés visent 50 % ou plus, à l’exception de la France qui vise 40 %, ce qui reflète le maintien d’une proportion importante d’électricité d’origine nucléaire.
Par ailleurs, les pays ayant le plus besoin de nouvelles ressources en flexibilité, à savoir la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne et le Royaume-Uni, semblent être confrontés à des défis importants pour fournir les ressources en flexibilité nécessaires au soutien de la transition énergétique et de la décarbonisation.
La réduction massive des émissions de carbone en Europe dépendra de la volonté de tous les pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union Européenne, d’exploiter le potentiel des actifs de flexibilité pour faciliter l’intégration des énergies renouvelables au fur et à mesure que la production de combustibles fossiles diminue. Une réforme des marchés s’impose également pour attirer les investissements privés dans les actifs de flexibilité énergétique tels que les chargeurs de véhicules électriques gérés intelligemment, le stockage de l’énergie thermique et des batteries ainsi que les datacenters interagissant avec le réseau.
Selon le rapport, il existe un décalage entre les ambitions et les actions dans la plupart des pays, les grandes économies s’en tirant le moins bien. Les grandes économies européennes sont confrontées à des défis plus importants car elles présentent des obstacles à l’investissement sous la forme de règles et de politiques généralement plus complexes, exacerbées par un marché fortement influencé par les opérateurs historiques.
 La France, une progression sociétale, des enjeux de transformation majeurs du système électrique
En 2019, la production annuelle d’énergie renouvelable française représentait 22 % de la consommation annuelle, le reste étant dominé par la production nucléaire. La France cible une production d’énergie renouvelable de 40 % d’ici 2030, ce qui pourrait augmenter la production éolienne et solaire de 89TWh. L’hexagone présentait par ailleurs un taux de pénétration des véhicules électriques de 1% en 2020, plus de 1 GW de panneaux solaires installés sur les toits et un taux de pénétration des compteurs intelligents élevé.
Le rapport met en lumière trois points d’amélioration pour atteindre les objectifs fixés par la France :
Le consensus public et politique en faveur de la transition énergétique se renforce, mais les conséquences en termes de coûts sociaux restent floues. Des objectifs politiques à plus long terme sont en place et, bien que la mise en œuvre des politiques et les changements réglementaires soient en cours, les retards et l’incertitude réglementaire, dissuade les potentiels nouveaux investisseurs.
L’accès au réseau français est limité par la complexité et la lenteur de son processus d’accès et par le manque de technologies de comptage et de soutien. Les besoins en matière de flexibilité du réseau en sont donc à un stade précoce et les projets sont limités. Il existe des incitations à fournir 1 million de VE d’ici 2022, mais le V2G n’est pas encore disponible. Les normes de numérisation manquent de clarté et sont incertaines.
Le potentiel d’accès aux marchés de la flexibilité pour les technologies énergétiques distribuées est limité. Ce phénomène s’explique principalement par la solidité du réseau et la prédominance de la capacité nucléaire et hydroélectrique existante, ce qui limite la taille du marché accessible.
La nécessaire électrification des usages,
« La France dispose d’un système électrique historiquement de qualité. Elle doit cependant faire face à des enjeux de transformation majeurs liés aux objectifs de neutralité carbone de sa consommation énergétique globale. Cette transformation profonde passe par la nécessaire électrification des usages, notamment des transports, avec le passage aux véhicules électriques, ou du chauffage, et donc à une augmentation de la consommation électrique dans un contexte de vieillissement du parc nucléaire, avec le nécessaire développement de la production d’énergie renouvelable. Malgré certains freins qui subsistent, principalement liés aux règlementations, et à un écosystème complexe, la France est prête à entamer une transition énergétique d’un point de vue technologique et sociétal » déclare Christophe Bourgueil, Business Developer des solutions de Transition énergétique et de stockage d’énergie pour Eaton en France. « Il subsiste néanmoins un profond besoin de travailler à l’assouplissement des réglementations trop complexes pour faciliter le processus de transition vers des modes de consommations plus durables. L’aval compteur, le prosumer, écoresponsable peuvent contribuer par des solutions de production locale d’énergie renouvelable, de gestion, et de stockage d’énergie décentralisées, tout en participant à l’équilibre global du réseau. » En conclusion le rapport souligne un énorme défi commun de flexibilité à la plupart des pays ayant participé à l’enquête. Une action rapide est nécessaire pour atteindre les objectifs de transition énergétique et de décarbonisation sans encourir de coûts supplémentaires inutiles. Pour y arriver, les recommandations émises par le rapport ETRI 2021 portent sur les actions suivantes :
- Quantifier les besoins futurs en matière de flexibilité,
- Donner la priorité aux réformes du marché de la flexibilité et les accélérer,
- Concevoir des marchés de la flexibilité pour attirer l’investissement.
[1] Les pays évalués sont le Danemark, la France, la Finlande, l’Allemagne, l’Italie, l’Irlande, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni.