Le rapport annuel de Statkraft, Scénario de Faibles Emissions, qui vient d’être publié, appelle à une action accrue pour modifier le cap mondial de réduction des émissions afin de se rapprocher d’un objectif climatique de 1,5 degré. Si les énergies renouvelables restent au cÅ“ur de la stratégie à mettre en place, l’objectif ne pourra pas être atteint sans déployer massivement l’hydrogène propre, selon le rapport.
Statkraft, l’un des plus grands producteurs d’énergie renouvelable d’Europe, élabore chaque année son Scénario de Faibles Emissions (Low Emissions Scenario), en analysant l’évolution des marchés mondiaux de l’énergie. L’analyse est utilisée comme base pour les investissements futurs de Statkraft.
C’est la mission d’une vie
Selon le rapport, l’effet combiné de la baisse des coûts des énergies renouvelables et du renforcement des politiques climatiques entraînera des émissions carbones menant à une trajectoire de 2 degrés. Pour réduire davantage le réchauffement climatique, une augmentation substantielle des ambitions politiques et du rythme de l’action mondiale sont nécessaires. En particulier, l’hydrogène propre doit passer de zéro à plus de 5% de la demande totale d’énergie, si l’on veut pouvoir se rapprocher de la trajectoire des 1,5 degré. « Le monde a été appelé à répondre présent, à travailler à l’unisson pour ralentir le réchauffement de notre planète. C’est la mission d’une vie, celle qui marquera notre génération. Avec la réouverture lente du monde, les émissions reviennent également aux niveaux prépandémiques, renforçant notre conviction que la seule voie vers une trajectoire à 1,5 degré passe par une accélération de la transition énergétique », déclare Christian Rynning-Tønnesen, PDG de Statkraft.
La croissance des énergies renouvelables est « inarrêtable »
Le rapport note que les investissements verts ont augmenté en 2020 malgré le ralentissement économique causé par la pandémie. En particulier, les investissements dans les énergies renouvelables ont augmenté de 7 % en 2020 par rapport à 2019. Mais même si 2020 a vu un développement record de l’énergie solaire et éolienne, il faudra en installer plus du double chaque année d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique à deux degrés. Les coûts du renouvelable sont sur une tendance continue à la baisse. En général, pour un euro investi dans le solaire photovoltaïque et l’éolien aujourd’hui, on obtient environ quatre fois plus de rendement qu’il y a dix ans. L’énergie renouvelable est déjà dans la plupart des endroits moins chère que les combustibles fossiles lorsqu’on investit dans de nouvelles capacités. Le rapport prévoit que la demande d’électricité va plus que doubler jusqu’en 2050 et que celle-ci sera largement couverte par l’énergie renouvelable, qui devrait représenter environ les deux tiers de la production électrique mondiale.
Développer massivement l’hydrogène vert
L’hydrogène propre permet la décarbonation rapide de secteurs à fortes émissions dans l’industrie et les transports, et jouera un rôle clef dans le système énergétique du futur. Il sera le quatrième pilier d’un monde alimenté par l’énergie solaire, éolienne et hydraulique. Par une journée venteuse, les électrolyseurs alimentés par l’énergie éolienne peuvent produire des quantités massives d’hydrogène vert. Les coûts des électrolyseurs ont baissé de 60 % au cours des cinq dernières années. Cette baisse devrait se poursuivre en raison de l’automatisation et des améliorations technologiques. Le rapport prévoit que les coûts d’investissement pour la production d’hydrogène vert diminueront de 60 % supplémentaires d’ici 2050. Selon le rapport, 9,6 % de la demande mondiale d’électricité proviendra de la production d’hydrogène vert en 2050, un niveau qui monte à 20 % pour l’Europe.
La majorité de l’hydrogène propre ira à l’industrie : à la fois pour remplacer la consommation d’hydrogène existante et pour éliminer les émissions dans les industries où l’électrification directe est impossible ou trop coûteuse, par exemple dans l’industrie sidérurgique.
L’électrification réduit les émissions locales et mondiales
L’électrification est le principal outil de réduction des émissions de CO2. La part de l’électricité dans la demande énergétique mondiale finale va plus que doubler pour atteindre 47 % en 2050. L’électricité est plus efficace que les sources d’énergie fossiles dans la plupart des applications, selon le rapport. Par exemple, pour chauffer une maison, une pompe à chaleur n’a besoin que d’un tiers de l’énergie utilisée par une chaudière à gaz. Il en va de même pour les véhicules électriques, qui nécessitent environ un tiers de l’énergie dont les véhicules à combustibles fossiles ont besoin pour parcourir la même distance. 2020 a été une bonne année pour les véhicules électriques. Les ventes mondiales de voitures électriques à batterie ont augmenté de 40 %, même si les ventes totales de voitures ont chuté. Le scénario à faibles émissions estime que presque tous les nouveaux véhicules légers seront alimentés par batterie, tandis qu’environ la moitié des nouveaux véhicules plus lourds fonctionneront sur batterie ou à l’hydrogène en 2050 dans le monde.