Les énergies renouvelables sont un levier clé pour lutter contre le changement climatique et atteindre les objectifs de neutralité carbone. Parmi ces énergies renouvelables, le solaire photovoltaïque (PV) est aujourd’hui considéré au niveau mondial comme l’une des meilleures alternatives à l’utilisation des énergies fossiles. Même si les impacts environnementaux de cette filière sont très faibles comparés à ceux des énergies conventionnelles, il est important de pouvoir encore les réduire. C’est dans ce contexte, et après de nombreux travaux déjà effectués sur cette filière, que l’ADEME a dévoilé le 12 juillet dernier son étude « Comment mener la filière photovoltaïque vers l’excellence environnementale ? ». Grâce à une large consultation des parties prenantes de la filière, cette étude établit un panorama de leurs pratiques actuelles et propose une 0feuille de route environnementale concertée afin de continuer à améliorer la performance environnementale globale de ce secteur en France, propice à un déploiement massif et accepté de cette énergie sur les territoires.
En France, la filière PV représentait, fin décembre 2020, une capacité installée de près de 11 GW. La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie fixe l’objectif que cette capacité atteigne 20 GW en 2023 et jusqu’à 44 GW en 2028. Le cadre de soutien mis en place par l’Etat pour son déploiement favorise déjà les produits ayant un impact carbone faible et les implantations limitant les impacts environnementaux. Cette filière est d’ailleurs considérée par les français comme l’une des plus vertueuses d’un point de vue environnemental. Pour assurer un tel niveau d’appropriation dans la durée au vu de l’ambition de son développement, la filière photovoltaïque se doit d’être encore plus exemplaire notamment au niveau environnemental.
Une feuille de route structurante pour créer une filière exemplaire
Pour ce faire, l’ADEME a réalisé, en collaboration avec les parties prenantes, une feuille de route afin de réduire l’empreinte environnementale de cette filière. Celle-ci est constituée d’une trentaine d’actions regroupées en 4 clusters thématiques :
·                   Cluster A – Améliorer la performance technique et environnementale des produits PV et de leur fabrication : par exemple, en baissant la consommation d’énergie ou en réduisant ou recyclant les déchets de production photovoltaïque ;
·                   Cluster B – Inciter au déploiement de produits PV ayant de meilleures performances environnementales : par exemple, en stimulant l’adoption de signes de qualité environnementale (label…) standardisés au niveau européen pour les organisations et les produits ;
·                   Cluster C – Optimiser la consommation de matériaux et développer une économie circulaire : par exemple, en favorisant la réparabilité et la recyclabilité des produits photovoltaïques ou en utilisant des matières issues du recyclage pour leur fabrication ;
·                   Cluster D – Structurer le déploiement du photovoltaïque en diminuant les impacts environnementaux sur site : par exemple, en accompagnant les collectivités dans la planification du déploiement du photovoltaïque sur leur territoire en tenant compte des enjeux environnementaux, techniques et socio-économiques.
Les travaux ont également montré la nécessité de bénéficier d’un contexte national et européen propice au développement d’une filière photovoltaïque vertueuse, afin de créer de bonnes conditions de gouvernance et de souveraineté de la filière photovoltaïque et constituerait un catalyseur des actions environnementales de cette feuille de route.
Une feuille de route stratégique pour la filière photovoltaïque française et européenne
Cette étude révèle que l’aspect environnemental est de plus en plus présent dans les pratiques industrielles et qu’il tend à prendre de l’ampleur. En effet, on constate un nombre croissant d’acteurs de la filière qui ont déjà mis en place ou envisagent de mettre en place des pratiques ou initiatives permettant d’améliorer leurs impacts environnementaux. Cependant, la maturité et la pertinence de ces pratiques industrielles sont aujourd’hui encore très variables et il reste un potentiel de progression important.
En plus d’améliorer le cycle de vie du photovoltaïque, la mise en œuvre de cette feuille de route pourrait également être un atout stratégique pour la filière française, voire européenne, notamment dans le cadre des travaux européens sur la mise en place d’outils comme l’Ecodesign, l’Ecolabel ou l’Etiquette Energie pour le secteur photovoltaïque afin de défendre une stratégie d’excellence environnementale.
La large consultation réalisée est de nature à assurer une bonne appropriation de cette feuille de route par la filière. Toutefois, sa réussite dépend entièrement de sa prise en main proactive par les parties prenantes pour garantir la mise en œuvre effective des actions.
Encadré
FOCUS : une feuille de route construite à partir des retours des acteurs de la filière
Grâce à une large consultation, auprès de 119 acteurs, et aux différents retours collectés, un benchmark des pratiques industrielles du domaine photovoltaïque en lien avec les enjeux environnementaux de leurs activités a été réalisé, permettant aux besoins de la filière d’émerger. Ainsi, les trois enjeux environnementaux jugés les plus prioritaires par la filière sont la performance énergétique, la durée de vie et la fiabilité des installations et l’écoconception. Â
Quelques chiffres clés du benchmark :
·                   88% des répondants ont déjà mis en place ou envisagent de mettre en place des pratiques ou initiatives permettant d’améliorer leurs impacts environnementaux ;
·                   28% des répondants ont mis en place de bonnes pratiques en lien avec l’amélioration des procédés de fabrication et de recyclage, ainsi que sur le choix des matériaux entrant dans la composition des produits ;
·                   60% des répondants connaissent l’ECS (Évaluation Carbone simplifiée), mais 65% d’entre eux la jugent trop complexe et 70% d’entre eux estiment qu’elle devrait être améliorée ;
·                   22% des répondants ont connaissance des outils européens Ecodesign et Ecolabel applicables à la filière photovoltaïque, alors que 2/3 d’entre eux jugent qu’ils peuvent avoir un impact positif.