Dans la continuité des réglementations thermiques, la RE2020 renforcera encore les exigences de sobriété énergétique, car l’énergie la meilleure est celle que l’on ne consomme pas. En outre, pour la première fois, la réglementation fixera des exigences portant sur les émissions de gaz à effet de serre des énergies utilisées. La RE2020 marquera ainsi une rupture majeure : la disparition progressive des logements neufs chauffés au gaz.
30% de réduction des besoins pour plus de sobriété
Pour exiger plus de sobriété, la RE2020 va renforcer l’exigence portant sur le besoin bioclimatique, ou Bbio. Il s’agit d’un indicateur qui traduit le besoin en énergie d’un bâtiment pour rester à une température confortable, en fonction de la qualité de son isolation et de sa conception générale (orientation, logement traversant ou non, etc.). La RE2020 prend également en compte le besoin de froid ou Bbio froid, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Par rapport aux exigences de la RT2012, le seuil maximal pour le besoin bioclimatique des logements sera abaissé de 30%. Il s’agit d’une exigence ambitieuse mais réaliste, car déjà aujourd’hui une partie significative des maisons, et même des logements collectifs, satisfont ces critères de performance énergétique. Les logements de demain seront ainsi mieux conçus et mieux isolés, pour des factures plus basses pour leurs futurs occupants. La facture d’électricité d’une maison neuve typique avec une pompe à chaleur sera de l’ordre de 200 €/an, soit moins de 17 €/mois !
La sortie des énergies fossiles dès 2024
Ensuite, pour assurer que les énergies utilisées soient les moins carbonées possibles, pour la première fois la réglementation fixera un seuil maximal d’émissions de gaz à effet de serre des consommations d’énergie. L’enjeu est de cesser d’utiliser des énergies fossiles dans les bâtiments neufs, alors qu’aujourd’hui encore les logements au gaz sont majoritaires en constructions neuves. En maison individuelle, où les solutions non fossiles sont très courantes et parfaitement maîtrisées (notamment la pompe à chaleur ou le chauffage biomasse), le seuil sera fixé à 4 kgCO2/m2/an dès l’entrée en vigueur de la RE2020 et exclura de fait des systèmes utilisant exclusivement du gaz. Alors qu’une maison moyenne existante chauffée au gaz émet près de 5 tonnes de CO2/an, la même maison aux normes RE2020 émettra moins de 0,5 tonne, soit 10 fois moins ! Si l’on prend un équivalent en kilomètres parcourus en voiture, c’est 40 000km dans un cas, moins de 4 000km dans l’autre. En logement collectif, la transition sera progressive entre 2021 et 2024, car aujourd’hui encore 75% des logements collectifs nouvellement construits sont chauffés au gaz. Les alternatives (réseau de chaleur, chaufferie biomasse, pompe à chaleur collective, solaire thermique) sont nombreuses, mais doivent encore se développer à grande échelle et la filière doit s’approprier les conceptions qui accompagnent ce changement. Aussi le seuil sera d’abord fixé à 14 kgCO2/an/m², laissant ainsi encore la possibilité d’installer du chauffage au gaz à condition que les logements soient très performants énergétiquement. Ensuite, dès 2024, le seuil sera ramené à 6 kgCO2/m²/an, excluant de fait le chauffage exclusivement au gaz, mais permettant le développement de solutions innovantes, y compris hybrides (telles des pompes à chaleur utilisant un léger appoint de gaz en cas de grand froid). Ainsi, avec la RE2020, la France, à l’instar d’autres pays européens (Pays-Bas, Suède, Royaume-Uni) se met en capacité de se passer définitivement des énergies fossiles et du gaz dans les bâtiments neufs.
Systématiser le recours à la chaleur renouvelable
Enfin, la RE2020 systématisera le recours à la chaleur renouvelable, via un seuil maximal de consommation d’énergie primaire non renouvelable. En effet, à l’inverse de certaines réglementations thermiques passées (comme la RT2005), le Gouvernement souhaite empêcher un retour massif du radiateur électrique (convecteur à effet Joule), car s’il est peu coûteux à installer, ce mode de chauffage est cher à l’usage et pèse plus fortement sur le réseau électrique au plus fort de l’hiver (pointe hivernale).