Fondateur de Solairedirect racheté par Engie, puis présent au COMEX du groupe mondial pendant deux ans et demi, Thierry Lepercq est doté d’une solide expérience du monde l’énergie et des technologies de rupture. Dans son ouvrage « Hydrogène, le nouveau pétrole » il évoque le nouveau monde énergétique, celui de cette énergie propre, quasi infinie, universellement disponible, stockable et transportable. Vous avez dit hydrogène ?
« La vision de l’hydrogène comme combustible fut décrite par Jules Verne, il y a bientôt 140 ans. On n’a rien inventé » assure Thierry Lepercq. En 1874, dans son roman L’Île Mystérieuse, Jules Verne écrivait en effet : « je crois que l’eau sera un jour employée comme combustible, que l’hydrogène et l’oxygène, qui la constituent fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisables et d’une intensité que la houille ne saurait avoir (…) L’eau est le charbon de l’avenir. » Prémonitoire ! Et le livre écrit par Thierry Lepercq consacré à l’hydrogène, est là pour confirmer la théorie séculaire. Pour ce technophile averti, l’hydrogène est la vraie réponse à la quadrature du cercle énergétique. « Il s’agit de la seule solution qui présente ces trois avantages conjugués à savoir la sécurisation de la fourniture d’énergie 24 heures sur 24, une décarbonation à 100% du mix et un coût abordable. Les fossiles apportent sécurité à faible coût mais sont très carbonées. Si l’on prend les renouvelables, elles ont certes un coût abordable et sont non carbonées mais elles n’apportent pas la sécurité d’approvisionnement » confie Thierry Lepercq. L’hydrogène serait donc le chaînon manquant du monde énergétique de demain, la nouvelle énergie qui va structurer nos sociétés futures.
Créer les volumes
Et toutes les conditions semblent aujourd’hui réunies pour l’évanescence de ce nouveau pétrole qu’est l’hydrogène, et ce au rythme des révolutions que vit le monde de l’énergie actuel. Thierry Lepercq met en exergue sept chamboulements qui convergent vers une convulsion historique de l’énergie en tant que vecteur de pouvoir. L’explosion de l’offre de fossiles avec les gaz de schistes a fait explosé l’offre et inversé le peak oil. Le solaire et l’éolien sont devenus hypercompétitifs au sein d’une vraie guerre commerciale. Et encore l’essor de l’électrification du parc de batteries des véhicules électriques, la digitalisation des réseaux, les actifs échoués des compagnies pétrolières, les batailles géopolitique avec l’émergence de la Chine et enfin et surtout, la guerre des guerres, celle des changements climatiques, qui ne fera que des perdants et nous conduira vers le chaos. L’heure est donc venue de développer l’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau alimentée par du solaire photovoltaïque. Et l’opération est simple. Un litre d’eau = un demi litre d’essence. La ressource est disponible partout en désalinisant l’eau des océans. « Nous avons une fenêtre en France pour lancer le processus en réunissant les utilisateurs, acteurs industriels et collectivités, au sein de consortium de territoire pour créer les volumes et les effets d’échelle nécessaires. De quoi stimuler des fournisseurs d’hydrogène, ce gaz solaire qui se stocke et se transporte à bas coût sur de longues distances et peu de pertes à la clé. Nous devons travailler avec des financeurs et des développeurs d’infrastructures. Tout va partir des territoires » s’enthousiasme Thierry Lepercq qui voit dans l’hydrogène le salut énergétique d’une humanité en plein désarroi…
Thierry Lepercq. Hydrogène, le nouveau pétrole.
Editions Cherche Midi. 18 euros.