Fondée en 1922 en Loire-Atlantique, la société ARMOR dispose d’un savoir-faire mondial inégalé dans la formulation d’encres et le dépôt de couches d’encres fines sur films très fins en roll-to-roll à grande vitesse. Sur la base de cette technologie, ARMOR a développé cinq new techs dont la branche ARMOR Beautiful Light, une production de film photovoltaïque organique ASCA®, quasiment décarbonée. 2019 : une année charnière pour ce film PV innovant suite aux partenariats noués avec des industriels du bâtiment…
Fabriquer 1,5 milliard de m² de ruban pour imprimante à transfert thermique de haute précision, telle est la performance annuelle qui positionne le groupe ARMOR en tant que leader mondial du secteur ! Est concernée par cette technologie roll-to-roll sur films fins la confection d’étiquettes codes barres pour tous types de produits, pour des denrées aux normes alimentaires, pour des tubes homéopathiques ou encore pour des textiles avec des étiquettes qui résistent au lavage. Une activité d’impression loin d’être cannibalisée par le digital mais qui en est au contraire très complémentaire ! Si la concurrence mondiale, notamment asiatique, est rude, la société ARMOR qui emploie 1800 personnes a su se moderniser pour demeurer compétitive à force de robotisation et d’optimisation des process de fabrication. Elle continue d’ailleurs à gagner de précieuses parts de marché sur toute la planète.
Du solaire sans terre rare, ni silicium
Autre activité historique d’ARMOR : les cartouches jet d’encre et laser. La gestion de cette activité est soumise à une politique RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise) affirmée depuis 2004 et l’arrivée à la direction de l’entreprise de Hubert de Boisredon. Ce dernier a engagé l’entreprise dans une vraie mutation écologique via notamment un travail sur l’économie circulaire et une volonté marquée de remanufacturer les cartouches pour une deuxième vie. Le nouveau PDG a également lancé une grande réflexion autour des métiers de demain du groupe ARMOR liée à son savoir-faire unique. Cinq new techs sont ainsi sorties du chapeau toute dans la même fibre sociétale et environnementale: impression 3D, film collecteur de courant dans des applications de stockage lithium-ion, films hautes performances dans des applications de capteurs haptiques pour une start-up californienne, encres spécifiques pour revêtement des sols en PVC et pour des applications textiles et enfin la création d’un film photovoltaïque organique ASCA®. Pour développer ce film OPV dont la R&D est assurée par les fonds propres de l’entreprise, ARMOR met à contribution sa technologie roll-to-roll sur films fins. La ligne pilote qui est déjà une ligne industrielle permet de produire un million de m² de film solaire. « Notre film ASCA® est constitué de sept couches différentes, la couche centrale étant photo active grâce à des polymères organiques. Il n’y a ni terre rare, ni silicium dans les composants. Les couches intermédiaires orientent les électrons solaires vers les électrodes (cathode et anode). Le tout est encapsulé entre deux couches de films barrières pour assurer l’étanchéité et conforter une durée de vie donnée à dix ans sur des tests accélérés » précise Moïra Asses, responsable du marketing et du développement commercial du film ASCA®. L’objectif d’ARMOR est de porter cette durée de vie à vingt ans dans des conditions outdoor type bâtiment, le film résistant à des températures comprises entre -40 et +80 °C.
Temps de retour énergétique de trois mois à peine
Réalisée à base de composés organiques, la fabrication du film ASCA® est également quasiment décarbonée. « Son temps de retour énergétique ne dépasse pas les trois mois. Le process de fabrication exige des températures maxi d’à peine 120°C » poursuit Moïra Asses. Pour l’heure, la puissance affichée du film ASCA® s’élève à 40 Wc le m². ARMOR vise les 80Wc dans les deux ans qui viennent. Et 120Wc au m² en 2024. La performance labo s’élève déjà à 130 Wc le m². L’intérêt de ce film réside aussi dans sa transparence de 20 à 30%. Là aussi, ARMOR travaille à plus de clarté en tentant de rendre les électrodes transparentes et grâce à une réduction des espaces inter-cellules. Côté esthétique, trois couleurs au choix en développement : grise, verte ou rouge avec, bien sûr, des rendements différents en fonction de l’absorption des longueurs d’onde. Le film ASCA® peut être installé en surimposition de structures avec des adhésifs ou en lamination entre deux verres. « Il pourrait ainsi être utilisé comme verre teinté dans les pays chauds en tant qu’écran thermique capable, qui plus est, de fournir de l’électricité. Autre facteur qui facilite son intégration est le fait qu’il soit flexible. Le film ASCA® peut être installé sur des surfaces non planes comme des textiles ou comme celles en Ethylene tetrafluoroethylene (ETFE). Ce film copolymère de l’éthylène et du fluoroéthylène transparent ou coloré, est utilisé notamment pour réaliser des couvertures ou des façades transparentes avec un design et des caractéristiques techniques et environnementales exceptionnelles. A l’instar de l’Allianz Arena du Bayern de Munich qui semble entouré de coussins molletonnés translucides. « On pourrait imaginer ces surfaces recouvertes de film ASCA® pour un stade à la fois protecteur, esthétique et producteur d’électricité. Un stade à dimension environnementale ! » évoque Moïra Asses.
2019, un tournant pour ASCA® by ARMOR
Les premières évidences commerciales pour le film ASCA®, ce sont les applications au bâtiment, là où se feront les plus gros volumes. Les équipes d’ASCA® by ARMOR sont à l’ouvrage depuis plus d’un an sur le sujet sous la marque ASCA® Structures. Un premier démonstrateur verra ainsi le jour en 2019 en France sur des serres maraîchères du côté de Nantes. « 2019 représente un tournant pour ASCA® by ARMOR. Nous avons noué des partenariats avec des industriels en tout genre désireux d’intégrer notre solution, et ce dans le monde entier. N’oublions pas qu’ARMOR exporte 80% de son chiffre d’affaires qui se monte à 265 millions d’€ en 2018. En fait, nous ciblons les early adopters, ceux qui ont la même vision que nous, qui croient en l’avenir de la technologie et qui sont prêts à investir » confie Denis Bourène, responsable du développement chez ASCA®Structures. Son prix : la fourchette est large en fonction des paramètres de chantier, de 600 à 1200 € le m². Autre axe de développement : ASCA® Mobility dédié aux solutions nomades, à l’outdoor, dans les domaines militaires ou ceux de l’accès à l’énergie dans les pays tiers. ASCA® Mobility s’appuie également sur un « business developper » installé à Abidjan qui a passé un partenariat avec l’UNESCO. Des écoliers du Togo profitent déjà le soir à la maison de leurs lampes solaires pour réviser leur devoir. La légèreté et la flexibilité du film ASCA® permet toutes les audaces comme solariser des bâches ou même des pirogues pour une cité lacustre au Bénin. « Le film ASCA®, c’est aussi la dimension humaine, pas que du business pur » conclut Moïra Asses. Et les déclinaisons d’ASCA® ne manquent pas. Le champ des possibles est immense voir infini. Avec ASCA® Transport, ARMOR expérimente le moyen d’apporter davantage d’énergie au système de stockage dans les domaines du vélo, de l’aéronautique, drones compris, le ferroviaire ou le nautisme. Et que dire d’ASCA® Sensor pour toutes les applications en environnement indoor comme la domotique, les objets connectés et même le Li-Fi, le film ASCA® étant un excellent capteur Li-Fi. Par sa flexibilité, sa transparence, le film ASCA®est un véritable couteau suisse des applications solaires dans les domaines aussi divers que le bâtiment, le transport, la mobilité, la domotique… Voilà une technologie qui mérite bien un Oscar du meilleur film ! Plus d’infos…