Les professionnels du solaire photovoltaïque ont été plutôt satisfaits suite à l’annonce de la nouvelle PPE par Emmanuel Macron le mardi 27 novembre denier. Avec une multiplication par 5 du potentiel installé actuellement, elle devient même l’une des filières prioritaires pour réussir la transition énergétique et solidaire. Cependant, derrière cette bonne nouvelles des interrogations subsistent. Le gouvernement se donnera-t-il les moyens de ses ambitions en desserrant, une bonne fois pour toute, les lacets de l’ancien monde qui corsète l’ambitieuse et désormais très compétitive filière solaire et digitale.
La loi de transition énergétique prévoit que 32% de la consommation d’énergie en 2030 soit d’origine renouvelable. Cet objectif est décliné par vecteur énergétique : 40 % de la production électricité, 38% de la consommation finale de chaleur, 15% de la consommation finale de carburant et 10% de la consommation de gaz doivent être d’origine renouvelable. La PPE fixe pour 2028 l’objectif d’une accélération significative du rythme de développement des énergies renouvelables. Le système énergétique sera alors en capacité d’atteindre les objectifs de la loi pour 2030. En particulier, les objectifs de la PPE permettront de doubler la capacité installée des énergies renouvelables électriques en 2028 par rapport à 2017 avec une capacité installée de 102 à 113 GW en 2028 avec un point de passage à 74 GW en 2023, en augmentant de 50 % les capacités installées d’ici 2023 mais aussi d’augmenter entre 40% et 59% la production de chaleur renouvelable par rapport à 2016, avec une production de entre 218 et 247 TWh en 2028, soit 34,5% à 39 % de la consommation de chaleur.
Mesures de promotion des énergies renouvelables électriques
L’objectif défini par la LTECV est de 40% d’énergies renouvelables électriques dans la production nationale en 2030. En 2017, les énergies renouvelables ont représenté 17 % de la production nationale (bilan électrique RTE de 2017). Les filières principales permettant d’atteindre l’objectif seront l’hydroélectricité, l’éolien terrestre, puis progressivement l’éolien en mer, mais surtout le solaire photovoltaïque (PV) plébiscité par le gouvernement qui a confirmé par ailleurs la fermeture de 14 réacteurs nucléaires de 900 mégawatts d’ici 2035. Les fortes baisses de coûts observées dans ces filières des EnR le nouvel essor des énergies renouvelables sera ainsi 10 fois moins couteux que ce qui a été réalisé par les Gouvernements précédents – permettent des développements importants avec des soutiens publics limités. Les sources dont les coûts sont très élevés pour la production d’électricité (biomasse, géothermie) seront orientées prioritairement vers la production de chaleur et aucun soutien à la production d’électricité pour ces filières ne sera mis en Å“uvre.
Passage à 1 MW pour les AO autoconsommation
En matière d’objectif, le solaire PV est attendu à 20,6 GW en 2023 et 35,6 à 44,5 GW en 2028 soit une multiplication par cinq des puissances installées. Les orientations mises en avant pour la filière photovoltaïque par la PPE vise à :
Privilégier le développement du photovoltaïque au sol, moins coûteux, de préférence sur les terrains urbanisés ou dégradés et les parkings ;
Soutenir l’innovation dans la filière du photovoltaïque par appel d’offres afin d’encourager de nouvelles solutions solaires au sol (agrivoltaïsme, centrales flottantes) et sur les bâtiments.
Parmi les mesures pour promouvoir l’autoconsommation et la production locale d’énergie, on retiendra la mise en place des dispositifs de soutien pour des projets d’autoconsommation collective, le passage à 1MW pour la taille maximale des installations éligibles à l’appel d’offres autoconsommation et enfin l’élargissement de la maille de l’autoconsommation pour permettre des projets d’autoconsommation collective à une maille plus importante (grand projet d’aménagement / éco-quartiers).
Enerplan dit Banco !
A l’annonce de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, le syndicat des professionnels du solaire Enerplan a salué l’ambition annoncée par le Président de la République et le Gouvernement l’ambition affichée à l’horizon 2030 de porter à 50 TWH la production électrique photovoltaïque, soit cinq fois la production actuelle. Le Syndicat est heureux de constater que les objectifs fixés pour 2030 sont totalement en ligne avec ceux qu’il avait défendus. Il demande expressément que les professionnels du secteur et les pouvoirs publics se réunissent prochainement pour préciser ensemble la Feuille de route et déterminer les mesures concrètes à prendre afin de lever les blocages existants au développement de la filière solaire. Pour Daniel Bour, président d’Enerplan : « Cette PPE est une excellente nouvelle pour la filière solaire et nous disons « banco » au Président de la République et au Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire. Nous sommes prêts à relever ce défi dont l’ampleur est inédite : passer d’un marché photovoltaïque d’à peine 1 GW en 2018 à 4-5 GW/an d’ici 2023 est atteignable, sous réserve que les mesures visant à débloquer les freins au déploiement de l’énergie solaire soient prises rapidement et que les Appels d’Offres soient adaptés en conséquence. Nous attendons de François de Rugy qu’il lève, de manière concrète, les blocages identifiés dans le cadre du Groupe de travail au début de l’année par Sebastien Lecornu, alors Secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot. Il faut maintenant des engagements fermes et des mesures adaptées notamment pour libérer l’autoconsommation, libérer le secteur des moyennes toitures (de 100 à 500 kWc) du carcan des Appels d’offres inadaptés à leur taille réduite, et fixer un cadre permettant d’accélérer l’obtention des permis de construire pour les centrales au sol. Alors, nous aurons une politique solaire en cohérence avec l’ambition d’accélérer la transition énergétique.