Tribune au monde de Xavier Daval sur la crainte du maintien du tout-nucléaire – Extraits

« En maintenant le choix du tout-nucléaire, la France compromettrait définitivement ses chances dans les énergies renouvelables ». Tel est le titre de la Tribune publiée par, le président de sa commission photovoltaïque (SER-SOLER) Xavier Daval qui prône un désengagement franc du nucléaire, pour mieux préparer le pays à la compétition énergétique future. La France pourrait prendre la tête d’une initiative globale européenne. Miscellanées.

« Dans l’hypothèse où une stratégie nucléo-intensive resterait le dogme privilégié par l’exécutif, celle-ci maintiendrait la France dans l’isolationnisme d’un modèle énergétique que le monde ne nous envie plus. Les deux pays suivants du palmarès électronucléaire sont respectivement la Belgique (47%) et la Corée du Sud (29%) et ont officiellement annoncé qu’ils amorçaient leur sortie. Mais au-delà, les moyens financiers, techniques et humains mobilisés par ce choix seraient autant de ressources potentielles détournées de la transition énergétique et de la dynamique des énergies renouvelables (ENR). Enfin, sans espace ouvert dans le mix électrique domestique, les acteurs 100% renouvelables n’auraient plus de perspective de développement et devraient soit se repositionner hors de France, soit disparaître ».

« En maintenant le choix du tout-nucléaire, la France compromet définitivement ses chances dans les ENR qui sont les énergies de ce siècle et les énergies dont la planète a besoin. Il serait désespérant que la France s’exclue du jeu, qu’elle joue alors solo là où la plupart des pays européens se sont clairement affichés pour le choix des renouvelables. A coup sûr, ce retranchement compromet de facto la perspective qui s’ouvrait aux ENR et cette décision nous coûtera économiquement et politiquement, à un moment où l’Europe est au ralenti et sujette à de nombreuses tensions… La France ne peut pas, sous la pression technocratique des lobbies qui ont constitué l’épine dorsale de l’administration de l’énergie depuis près de 50 ans, repousser d’un revers de main l’opportunité que représente les ENR dans le contexte d’un marché mondial dont on attend 60% de croissance d’ici à 2040. C’est un enfermement irrationnel, un redoutable manque de vision pour notre pays à l’heure où notre planète a un besoin criant d’énergies décarbonées. La perspective de volumes français conséquents alloués aux ENR, agrégés à ceux de nos voisins qui suivent la même dynamique, offre la possibilité de repenser une véritable initiative industrielle européenne ».

« La France aurait toute la légitimité pour prendre la tête d’une telle initiative. Il s’agit là d’un cercle vertueux où, réindustrialisés, nos territoires seraient tout à la fois producteurs et consommateurs de systèmes de conversion d’ENR dont ils resteraient les premiers bénéficiaires des retombées économiques et académiques, agrégées sur un marché domestique élargi à l’Europe et demain, mondialement. Le marché des ENR, qui n’en est encore qu’au début de sa croissance, est destiné à devenir l’une des premières industries de ce siècle, et il est donc urgent d’y prendre des positions, le plus en amont possible. »

« Je souhaite que cette perspective soit entendue et que la France, pays aux champions internationaux de l’énergie, choisisse pour ses enfants d’embrasser l’élan mondial de la transition énergétique. »

Encadré
Quid de Xavier Daval ?

Xavier Daval, ingénieur de formation, président fondateur de KiloWattsol, un cabinet d’expertise technique international dédié au solaire.
Vice-président du syndicat des énergies renouvelables (SER) et
président de sa commission photovoltaïque (SER-SOLER), il siège
également en tant qu’administrateur au conseil mondial du solaire
(Global Solar Council). Il a conduit la délégation du syndicat dans le groupe de travail ministériel « Place au soleil » sur l’énergie solaire lancée au printemps dernier par le secrétaire d’état Sébastien Lecornu. Il enseigne également les énergies renouvelables, comme professeur associé à l’ENTPE et à l’Université Lyon 1.

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