Tout est parti d’un article publié le 13 février dans le Webzine GreenUnivers. Les plateformes collaboratives en matière de solaire photovoltaïque déconseilleraient le financement participatif sous appel d’offre CRE. Enerfip s’insurge et souhaite clarifier sa position à l’instar de LendosphereRappel à l’ordre.
Dans un article paru sur le web, il était question d’une soi-disant position commune des plateformes de financement participatif quant aux appels d’offre de la CRE et en particulier à la dernière rédaction du cahier des charges. Selon cette publication, l’ensemble des plateformes du secteur déconseilleraient aux développeurs de projets de s’engager sur l’option du financement participatif pour les dossiers qu’ils souhaitent soumettre aux prochaines échéances. Il n’en est rien.
Un cahier des charges qui peut être favorable selon les situations
Alors que, selon l’article, les plateformes seraient catégoriques et qu’elles ne recommanderaient à aucun développeur de projet de s’engager sur du financement participatif, la situation n’est en réalité pas si manichéenne. Selon les situations, certains développeurs ont intérêt à bénéficier du dispositif de financement participatif. Chaque projet est différent, situé dans une zone géographique différente, avec des bassins de population plus ou moins importants, d’une puissance plus ou moins importante.
« Bien sûr, comme tous les acteurs réalistes, nous considérons que les dernières moutures du cahier des charges risquent de constituer un frein au financement participatif. De plus, il est nécessaire de donner plus de visibilité et de stabilité à l’ensemble des parties » estime Julien Hostcahe, fondateur d’Enerfip. C’est d’ailleurs la position adoptée par le groupe de travail au sein de Financement Participatif France (FPF), en toute collégialité, et défendu auprès des autorités, DGEC en tête.
Agir et trouver des solutions
« Soyons donc très clair : nous ne faisons pas partie de celles et ceux qui déconseillent le recours au financement participatif à tout candidat aux appels d’offre de la CRE. Oui, les conditions telles qu’elles sont rédigées dans la version du 11 Décembre dernier constituent un enjeu auquel nous travaillons ardemment à remédier en association avec les professionnels du secteur. Enerfip travaille en étroite collaboration avec le Syndicat des Energies Renouvelables (le SER) et FPF. Nous pensons en effet que seul un front commun permettra de faire bouger les lignes. Nous ne croyons certainement pas, en tous cas, au défaitisme et à l’esprit de renoncement exprimé dans l’article de GreenUnivers » poursuit le chef d’entreprise. « Nous portons certes un message de prudence mais sans aucune idée de frein total et définitif sur le sujet. Je vous avour avoir été surprise par le titre de l’article. Nous disons juste qu’avec ces nouvelles dispositions, nous devrons identifier les projets plus en amont, faire du cas par cas, associer les collectivités pour sécuriser les levées de fonds. Le risque demeure très mesurée » confirme Laure Verhaeghe, fondatrice de Lendosphere qui continue elle aussi les discussions avec la DGEC et les syndicats pour stabiliser la situation.
La définition de « Capital » au cœur du problème
Lors des premiers appels d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) intégrant la bonification tarifaire pour la mise en Å“uvre de financements participatifs, beaucoup se sont montrés sceptiques voire critiques quant aux modalités des cahiers des charges sur cette question. Enerfip a obtenu néanmoins de l’Autorité des Marchés Financiers de faire évoluer son agrément pour débloquer la situation de nombreux acteurs en ajoutant les Comptes Courants d’Associés (CCA) à notre éventail de solutions.
Malheureusement, la CRE a décidé d’exclure les CCAs de sa définition de « capital » s’agissant de « l’investissement citoyen » dans sa dernière version du cahier des charges (celui du 11/12/2017). Or, cet outil est très majoritairement utilisé par l’ensemble des professionnels afin d’améliorer des rentabilités que la compétitivité des appels d’offre rend parfois très peu attractive. Ne pas les comptabiliser est un non-sens économique et un déni de la réalité du financement de projet dans les ENR.
La réserve d’Epargne existe
La définition restreinte de la territorialité peut également poser problème. Néanmoins, le stock et les flux d’épargne disponibles en France prouvent que les besoins en financement participatif sont en pratique insignifiants à cette échelle. Reste à toucher cette population. Sur ce point, Enerfip a pu démontrer par exemple lors de la campagne de financement participatif du projet de Planèze porté par CNR (450 000 € collectés en quelques jours malgré un plafond d’investissement de 10,000 Euros par personne sur un territoire de seulement 10km par 10 km) que ce réservoir d’épargne existe. Les montants envisagés pour les projets lauréats CRE sont du même ordre de grandeur, mais sur des territoires 100 ou 1000 fois plus importants !
Par ailleurs, les partenariats que nous nouons avec des banques régionales qui bénéficient d’un maillage étroit sur les territoires et constituent une réponse constructive face à cette exigence. Se contenter de baisser les bras et de scier la branche sur laquelle nous sommes assis ne fait pas partie de notre ADN. L’avenir des énergies renouvelables est intimement lié au financement participatif qui s’inscrit clairement dans la démarche d’acceptabilité de ces projets et, même si certains obstacles se dressent sur ce chemin, ils ne sauraient arrêter une telle dynamique » précise Julien Hostache. D’autant que comme le dit Laure Verhaeghe, le bonus accordé lors des AO est un pied à l’étrier qui ne saurait perdurer dans le temps. « Dans trois ou quatre ans, ce bonus n’existera plus tant notre raison d’être est cohérente avec le marché et les structures de financement des énergies renouvelables ».