S’appuyant sur le Bilan prévisionnel 2017 dont RTE vient de publier la synthèse, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a annoncé aujourd’hui le glissement dans le temps de l’objectif de réduction à 50 % du nucléaire dans la production d’électricité en 2025, inscrit dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015. Étonnée qu’un Ministre d’État puisse ainsi changer la loi et craignant un nouveau renoncement, l’Association négaWatt appelle au contraire à tirer tous les enseignements positifs de cet exercice prospectif inédit.
Substitution du nucléaire par les EnR jusqu’à des taux de 40 % ou plus : c’est possible
Le nouveau Bilan prévisionnel publié par RTE marque une étape importante, riche de constats et d’enseignements majeurs : s’appuyant sur une méthodologie robuste et sur l’analyse détaillée d’un très grand nombre de paramètres, il est aussi issu d’un processus de consultation très ouvert, que l’Association négaWatt salue et auquel elle est heureuse d’avoir contribué. Cet exercice entérine avant tout une rupture historique dans l’évolution de la consommation d’électricité, appelée dans tous les cas à baisser grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique des appareils, et que seul un développement massif mais hypothétique du parc de véhicules électriques est susceptible de faire remonter à terme à son niveau actuel. Le Bilan prévisionnel conforte ainsi l’idée, portée de longue date par l’Association négaWatt, selon laquelle les potentiels d’efficacité sont supérieurs à la croissance des usages.
Il marque aussi et surtout une étape essentielle dans la construction d’une trajectoire maîtrisée sur la production explorant pour la première fois à ce niveau dans un exercice institutionnel différentes logiques possibles de réduction du nucléaire. Si les scénarios qui en résultent montrent la difficulté à atteindre dans des conditions maîtrisées l’objectif décidé de réduction de la part du nucléaire du fait de l’inaction des dernières années, ils sont loin de montrer que c’est impossible. Au contraire, les options explorées par RTE montrent à la fois :
que réduire la capacité nucléaire installée par rapport au niveau actuel est, dans tous les cas, économiquement pertinent,
que la substitution du nucléaire par les renouvelables jusqu’à des taux de 40 % ou davantage est possible sans recours accru aux énergies fossiles,
que la fermeture systématique des réacteurs au plus tard à l’échéance des 40 ans est possible sans augmentation non maîtrisée des émissions de gaz à effet de serre le scénario négaWatt 2017-2050, plus ambitieux sur les renouvelables et la baisse de la consommation, montre même que c’est possible sans aucune augmentation de ces émissions.
Accélérer le développement des énergies renouvelables
Si l’inaction passée pèse de tout son poids sur l’échéance de 2025, le Bilan prévisionnel ne porte pas un message de renoncement. Il appelle au contraire, que l’on retarde cette échéance ou non, à ne plus différer l’action, soulignant que c’est par les décisions d’aujourd’hui que se construisent les marges de manÅ“uvre de demain. cet effet, tout en rappelant l’extrême fragilité des scénarios misant sur la prolongation hasardeuse d’une partie des réacteurs compte tenu des incertitudes qui l’entoureraient, l’Association négaWatt souligne l’urgente nécessité de renforcer la maîtrise de la consommation et d’accélérer le développement des énergies renouvelables.
Forte de ses propositions en matière de sobriété, d’efficacité et de développement des énergies renouvelables, elle contribuera partout où la consultation est ouverte à porter ce message : accélérons l’action pour ne plus avoir à repousser les échéances !
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