Il a souvent été plébiscité. Jusqu’au mercredi 17 mai 2017, il avait toujours résisté, souhaitant rester libre de sa parole, en militant éclairé de la cause environnementale auprès des puissants, Chirac et Hollande. Mais toujours à distance. Jamais au cÅ“ur du pouvoir, là où les grandes décisions se prennent. L’ancienne star du petit écran qui, on s’en souvient, a animé le magazine de l’extrême a opté pour le centre, le ni-droite, ni-gauche. Il a franchi le Rubicon. Il s’est laissé séduire par les sirènes du président Macron pour entrer définitivement dans l’action politique en tant que ministre d’Etat. Un grade haut perché pour enfin agir et activer les leviers de la transition écologique et du développement massif des renouvelables.
Nicolas Hulot n’est pas dupe. Il va devoir lutter contre des lobbys puissants qui orchestrent le monde hyper centralisé de l’énergie depuis des lustres. Il va se heurter à des résistances. Sa faconde séduisante et son art de la persuasion seront mis à l’épreuve. Son premier ministre Edouard Philippe, élu normand en lien rapproché avec La Hague et l’EPR de Flamanville et ancien d’Areva, n’a pas voté la loi sur la Transition énergétique de Ségolène Royal. Il sera le premier à convaincre.
Mais qu’est ce qui a poussé Nicolas Hulot à plonger ainsi dans la bataille ? Certainement ce sentiment d’urgence qui pousse à ne plus attendre dans la lutte contre le réchauffement climatique et la sauvegarde de la biodiversité. Sauver la planète comme un instinct de survie de l’espèce loin de toutes les tractations politiques. «Notre époque se caractérise par la profusion des moyens et la confusion des intentions » se plaît à asséner Nicolas Hulot, citant Albert Einstein. Les moyens sont là . Au nouveau ministre de remettre de l’ordre dans les intentions et de porter cette parole par delà les frontières.
« L’époque est techniquement performante, mais culturellement défaillante » poursuit-il en évoquant Edgard Morin. S’il en est un capable de faire briller cette culture de l’écologie scientifique et politique, de l’ancrer dans les esprits de nos contemporains encore trop souvent crédules, c’est bien Nicolas Hulot qui a su si bien faire avec Ushuaia de l’émerveillement un rempart à l’ignorance.