Dans son numéro de décembre 2016, la REE, principale publication de la SEE (Société de l’électricité, de l’électronique et des technologies de l’information et de la communication), publie un dossier sur les enjeux d’un développement massif des EnR (énergies renouvelables), notamment intermittentes (éolien, photovoltaïque), dans le système électrique du futur. Ce dossier est le résultat d’un travail important mené dans le cadre de son club technique « Systèmes électriques » auquel participent de nombreux experts d’horizons divers.
La question de l’insertion massive des EnR dans les réseaux électriques est d’une actualité forte. La production d’origine renouvelable représente aujourd’hui 1/3 de la production d’électricité en Europe, dont 10 % d’éolien et de solaire. La Commission européenne dans le « winter package » publié en novembre 2016 affiche l’ambition d’atteindre 50 % d’EnR dans la production d’électricité en 2030 et 100 % d’énergie sans émission de CO2 à l’horizon 2050.
Cependant, la possibilité d’aller au-delà d’un certain seuil fait débat, compte tenu notamment de l’intermittence de la plupart des EnR. Le dossier de la REE aborde la question sans a priori politique en se projetant au niveau européen et en donnant un coup de projecteur particulier sur l’analyse du scénario haut de la roadmap européenne à l’horizon 2030 avec une hypothèse à 60 % d’EnR, dont 40 % d’éolien et de solaire.
Les différentes contributions rassemblées, dont deux en provenance d’Irlande et du Danemark, montrent que la problématique ne se limite pas à la gestion de l’intermittence. Il faut en effet tenir compte de l’exposition plus importante du réseau aux conditions climatiques et de la diminution de l’inertie sur les réseaux qu’entraine le retrait progressif des machines tournantes. Plus généralement, le développement massif de l’électronique de puissance dans les réseaux du futur a pour effet de découpler les unités de production des besoins du système électrique, en modifiant le fonctionnement des protections et en injectant des harmoniques qui peuvent devenir préjudiciables à la qualité de l’électricité.
Des solutions existent mais elles ne sauraient se limiter au stockage qui n’apparaît pas aujourd’hui comme le moyen le plus économique pour gérer l’intermittence. C’est la gestion de tout le système électrique qu’il faut progressivement repenser pour assurer en permanence l’équilibre des réseaux et la stabilité de la fréquence. Les études montrent également que le backup thermique conservera un rôle clé pour assurer la sécurité d’alimentation. Avec 60 % d’EnR, dont 40 % d’éolien et de solaire, 500 GW de capacité de production conventionnelle resteraient nécessaires en Europe selon les experts d’EDF R&D ayant travaillé sur le dossier.
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