Interview/Isabelle Kocher : « Les gens vont s'approprier l'énergie »

Au cours de son déplacement à Rivesaltes dans le cadre de l’inauguration d’une centrale photovoltaïque sur ombrières de 13,5 MW, Isabelle Kocher, directeur général d’ENGIE, a répondu à nos questions sur la transformation de son groupe vers les énergies renouvelables couplées au digital. Une révolution à la fois technologique mais aussi sociétale. Vous avez dit changement de monde ?

PS : On vous sent très fière d’être ici aujourd’hui pour inaugurer cette centrale de Rivesaltes couplée à un micro smartgrid ?
Isabelle Kocher : Je suis en effet très fière d’être là car cette centrale photovoltaïque intègre une innovation remarquable qui symbolise un nouveau modèle d’infrastructures grâce à une technologie innovante : une centrale solaire couplée à un microgrid. Cela symbolise également un changement de génération avec des clients qui produisent l’énergie qu’ils consomment. Désormais, les gens vont s’approprier l’énergie et cela va entrainer une moindre consommation d’énergie. Le client devient acteur de sa consommation d’énergie.

Un changement d’état d’esprit

PS : Qu’est-ce qui rend possible cette révolution ?
IK : Cette révolution est soutenue par des technologies issues du digital . Au-delà des supports technologiques digitaux, la révolution doit aussi se faire en amont à travers un changement d’état d’esprit et dans une convergence des points de vue.

PS : Comment fait-on muter un grand groupe comme ENGIE du fossile vers ces nouvelles énergies ?
IK : Nous avons dans nos gênes cette idée de l’innovation continue. Pour nous, la révolution énergétique se traduit par une accélération avec un parti pris encore plus marqué pour devenir le pionnier d’un nouveau monde de l’énergie, décarboné, décentralisé et digitalisé. Pour accélérer cette transition, nous plaidons par exemple pour donner un prix au carbone. Par ailleurs, nous avons de fortes ambitions dans le développement des renouvelables. En France, notre ambition à cinq ans est de multiplier par près de quatre nos capacités en solaire pour atteindre 2,2 GW et de doubler nos capacités dans l’éolien pour atteindre 3 GW.

PS : Comment vous réorganisez-vous ?
IK : Nous nous réorientons suivant trois axes forts de développement: les énergies renouvelables , les réseaux et la gestion décentralisée de l’énergie. Nous ne développons plus que des solutions directement éligibles à ces nouvelles dispositions d’avenir. Nous cessons le développement et nous vendons l’ensemble des activités hors champ. Nous avons pour ce faire, mis en place un plan de cession de 15 milliard d’euros d’actifs.

Nous avons pris la décision de réduire d’un tiers les dividendes pour investir 1,5 milliard d’euros sur trois ans pour développer de nouveaux business

PS : Le digital en appui de cette révolution ?
IK : Nos convictions sont en effet tournées vers les technologies du futur, celles qui rendront possible le couplage de l’énergie et du digital. Nous avons pris la décision de réduire d’un tiers les dividendes pour investir 1,5 milliard d’euros sur trois ans pour développer de nouveaux business Cette audace nous a valu la première place du palmarès Ecac40 réalisé par Les Echos Business.

PS : On parle aussi beaucoup de territoires dans cette transition énergétique. Comment vous y adaptez-vous ?
IK : Nous sommes en train de changer notre morphologie d’organisation interne pour nous adapter. Dans un monde de l’énergie en pleine révolution, ENGIE accélère sa transformation avec la mise en place d’une nouvelle organisation : le Groupe est désormais constitué de 24 Business Units créées essentiellement sur un principe de territorialité, et de 5 Métiers chargés de l’expertise par domaine d’activités et du soutien au développement des Bus. Ces logiques plus décentralisées nous amènent à réformer l’ensemble de nos process au plus près des territoires et des populations.

PS : Et enfin, à l’instar d’EDF, allez-vous proposer une offre autoconsommation pour les particuliers ?
IK : ENGIE propose déjà aux clients particuliers une offre d’électricité en autoconsommation, à partir de panneaux photovoltaïques. Cette offre s’appelle « My power ». Elle est proposée pour le moment aux personnes résidant dans le Sud de la France.

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