Au sein d’un secteur de l’énergie promis à toujours plus de numérisation et d’interconnexion, c’est le réseau électrique qui subira les plus importantes transformations: compteurs intelligents, cloud computing, applications mobiles, etc. Comment les experts français et allemands évaluent-ils la vitesse de cette transformation ? Quels sont les obstacles à une numérisation encore plus poussée ? Comment la cyber-sécurité est-elle prise en compte ? C’est ce qu’explore le « Baromètre du Marché de l’Energie », édité par GEM.
Grenoble Ecole de Management (GEM) et le ZEW, Centre de recherche économique européenne, publient les résultats du Baromètre Marché de l’énergie Été 2016, réalisé en France et en Allemagne auprès d’experts de l’énergie opérant dans l’industrie, la science et l’administration publique.
Depuis 2013, ce Baromètre du Marché de l’énergie est réalisé chaque semestre par Grenoble Ecole de Management. Outre le sondage sur l’opinion des experts sur la transformation numérique du secteur électrique, le baromètre de l’Été 2016 pose des questions récurrentes sur les anticipations des prix du CO₂ et de l’énergie.
Pour Anne-Lorène VERNAY, responsable du Baromètre du Marché de l’Energie et chercheuse à Grenoble Ecole de Management : « Dans notre enquête, nous avons décidé d’interroger les experts de l’énergie pour savoir où en est la transition numérique dans le secteur électrique, et pour identifier les obstacles et les opportunités. Il apparait que la lenteur de la transition numérique n’est pas uniquement une question technique, pour déployer un réseau électrique intelligent. C’est aussi en partie une question sociale et organisationnelle, comme l’illustre la comparaison entre France et Allemagne».
Frein social et organisationnel
Si la plupart des experts français et allemands sont confiants quant au niveau de numérisation de leur pays par rapport aux autres pays occidentaux, plus de la moitié conviennent que la transition numérique est trop lente. En France et en Allemagne, le baromètre montre que le frein essentiel est un rapport coût-bénéfice défavorable. Pour la France, le 2ème frein est une règlementation qui ne permet ni de monétiser les bénéfices apportés par les technologies, ni de leur assurer une viabilité économique.
Pour l’Allemagne, le 2ème frein est la cyber-sécurité. En France, les préoccupations de sécurité des données et de la vie privée arrivent en 3ème position. Plusieurs experts français ont aussi soulevé des questions relatives à l’acceptation sociale, s’agissant par exemple du déploiement de compteurs intelligents : respect de la vie privée (anonymat des données et espionnage), nocivité des rayonnements.
Pour le dire autrement, l’état de l’art de la technologie ne constitue pas un obstacle fondamental à la numérisation du secteur de l’électricité : ce sont aussi les questions sociales et d’organisation qui jouent un rôle essentiel.
Une meilleure gestion du réseau électrique
Pour plus de 20% des experts français et allemands interrogés, le principal bénéfice de la transition numérique serait l’optimisation de la gestion de la charge sur le réseau (rapport entre production et consommation).
Avec le développement des énergies renouvelables, l’électricité n’est en effet pas forcement produite quand on en a besoin. Les panneaux solaires, par exemple, produisent du courant pendant la journée, alors qu’on consomme de l’électricité surtout le soir. La transition numérique contribuerait à équilibrer offre et demande.
Evolution des prix des certificats d’émission de Co² et des prix de l’énergie
Le Baromètre Marché de l’énergie Été 2016 de Grenoble Ecole de Management montre que, malgré les projets de réforme du système d’échange d’émissions de CO₂ de l’UE, les experts ne prévoient pas de hausse significative du prix des certificats d’émission de CO₂.
Concernant l’évolution des prix de l’énergie sur le marché de gros, les experts interrogés considèrent que les prix de l’électricité, du pétrole et du gaz naturel seront stables à court terme mais qu’ils augmenteront à moyen terme.