Dans le cadre du salon Intersolar Europe à Munich, un groupe de travail de REC a réalisé une étude approfondie, qui explique comment l’énergie solaire peut fortement contribuer à limiter le réchauffement climatique. Cependant, cette étude montre clairement l’existence d’un décalage, dans de nombreux pays, entre les engagements pris en matière d’énergie renouvelable et les objectifs de réduction des émissions de CO2. En 2025, l’augmentation de la capacité mondiale nécessaire pourrait être jusqu’à neuf fois supérieure à l’ensemble des prévisions actuelles.
Dans une nouvelle grande étude, REC, l’un des principaux fournisseurs mondiaux de solutions d’énergie solaire, souligne que cette énergie dispose du potentiel de combler l’écart en matière d’émissions de CO2. Selon les calculs de REC, basés sur les objectifs de la COP21 fixés lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, en décembre dernier à Paris, l’énergie solaire peut contribuer significativement à atteindre cet objectif. Néanmoins, afin de parvenir à réduire les écarts en matière d’émissions à l’horizon 2025, et pour éviter d’accélérer l’impact des changements climatiques, l’augmentation de la capacité photovoltaïque devrait être beaucoup plus importante que ne le prévoient aujourd’hui les analystes du secteur. Elle serait supérieure de 4,8 térawatts aux prévisions concernant la nouvelle capacité photovoltaïque cumulée d’ici à 2025.
Décalage entre engagements et objectifs
Cette étude a été présentée pour la première fois dans son intégralité au salon Intersolar Europe à Munich, le plus grand salon professionnel du secteur de l’énergie solaire. Elle présente différents scénarios à l’échelle mondiale, ainsi que des comptes rendus nationaux pour les pays contribuant massivement aux émissions de carbone, tels que l’Inde, le Japon, les États-Unis et l’Allemagne. Elle souligne également la contribution potentielle d’émetteurs plus petits, tels que les Pays-Bas et la Belgique.
Les résultats de cette étude, l’une des premières au monde à calculer l’impact spécifique de la COP21 sur le secteur de l’énergie solaire, arrivent à point nommé pour inciter tous les pays à prendre des initiatives favorisant la réduction de leurs émissions. Les gouvernements définissent des plans d’action et des objectifs pour appliquer l’accord historique de Paris sur le changement climatique, et pour préparer la 22ème Conférence des Parties (COP22) organisée au cours des prochains mois au Maroc. Lors de la COP22, les gouvernements chercheront à s’entendre sur les règles définies dans l’Accord de Paris, en élaborant les étapes concrètes nécessaires à l’application de cet accord. Afin d’atteindre les objectifs fixés à Paris, il faudra une réduction rapide et importante des émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies.
L’un des points clés étudiés par REC est le décalage, dans de nombreux pays, entre les engagements pris en matière d’énergie renouvelable et les objectifs de réduction des émissions polluantes. Par exemple, le secteur de l’énergie allemand devra réduire ses émissions de 1,152 Gt à l’horizon 2025 (ce qui équivaut à éliminer 50 millions de véhicules des routes allemandes) pour espérer atteindre l’objectif fixé à la COP21 de contenir la hausse des températures en deçà de 1,5 °C. Le groupe de travail de REC a estimé que l’Allemagne devra cesser presque totalement l’exploitation du charbon, qui représente encore 45 % du mix énergétique du pays, afin de combler ses écarts d’émissions cumulées d’ici à 2025. Pour à la fois remplacer le charbon et tenir ses engagements quant à l’abandon du nucléaire, l’Allemagne devra ajouter chaque année 8 GW en moyenne à sa capacité photovoltaïque, par rapport aux prévisions actuelles.
790 GW de solaire nécessaire aux Etats-Unis
Il s’avère que le charbon représente un problème dans tous les pays étudiés par REC. Ainsi, l’Inde consomme moins d’électricité par habitant que les pays occidentaux, mais elle se classe quatrième des plus gros émetteurs mondiaux, car la part du charbon dans son mix énergétique est de 73 %. l’horizon 2025, ce pays émergent aura besoin d’installations photovoltaïques cumulées supérieures de 374 GW par rapport aux prévisions actuelles. Les Pays-Bas, qui contribuent à hauteur de 0,4 % seulement aux émissions globales de CO2, se classent cinquièmes des plus mauvais élèves d’Europe en matière de performances environnementales selon l’IPE 2015 (Indice de performance environnementale), et ce en raison de leur utilisation plus élevée du charbon. Selon les calculs de REC, une forte augmentation des énergies éolienne et solaire (avec une production solaire cumulée supplémentaire de 14 GW, soit moins du double des prévisions actuelles) éliminera la dépendance au charbon d’ici à 2023.
Aux États-Unis, des installations photovoltaïques cumulées d’environ 790 GW seront nécessaires pour permettre au pays de combler l’écart en termes d’émissions dans le secteur de l’énergie, d’ici à 2025. Cela représente le quadruple des prévisions actuelles en matière d’installations jusqu’en 2025. Pour le Japon, cinquième plus gros émetteur mondial, les calculs de REC démontrent que la promesse faite à la COP21 de réduire ses émissions de 26 % d’ici à 2030, par rapport aux taux de 2013, n’est pas à la hauteur des besoins, sachant que la contribution du Japon aux émissions mondiales s’élève à 3 %. Afin de combler une partie de cet écart avec l’énergie solaire, le Japon aurait besoin d’une capacité photovoltaïque cumulée supplémentaire de 250 GW d’ici à 2025, soit plus du triple des prévisions actuelles.
L’énergie solaire peut contribuer à hauteur de 25 % à la réduction des émissions
Steve O’Neil, PDG de REC, résume la situation : « Les résultats de nos calculs sont révélateurs. Si l’on compare les prévisions d’émissions dans le cadre des politiques actuelles, et pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, il faut réduire les émissions mondiales cumulées de CO2 de 144 Gt à l’horizon 2025. Étant donné qu’à l’échelle mondiale, le tiers des émissions de CO2 provient du secteur de l’énergie, nous considérons que l’énergie solaire peut contribuer de façon importante, à hauteur de 25 % plus précisément, à la réduction des émissions, ce qui aura pour effet de limiter la hausse des températures. Plus tôt l’on accélèrera le rythme des installations photovoltaïques, plus la capacité requise diminuera par la suite. »
Selon les calculs de REC, cela nécessitera une forte augmentation de la capacité photovoltaïque, avec des installations de 1,7 térawatt pour la seule année 2025, soit neuf fois les prévisions basées sur la tendance actuelle. Adopter des objectifs à long terme jusqu’en 2040 permettra de réduire significativement le taux d’augmentation de la capacité requise. Cependant, ce ralentissement du rythme d’adoption devrait inexorablement intensifier l’impact du changement climatique au cours des prochaines années. REC continuera de tirer parti du dynamisme incroyable de l’énergie solaire avec des capacités élargies, de nouveaux modèles d’entreprise et une activité accrue sur les nouveaux marchés émergents.
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