Le verdict est tombé. Abrupt. Au-delà des déclarations d’intention des politiques, en matière de soutien au développement des filières énergétiques, la machine technocratique de Bruxelles n’a de cesse que de privilégier les secteurs d’activités centralisés plutôt favorables aux grands groupes au détriment des secteurs d’énergie plus diffuse au sein desquels exercent plus volontiers les PME ou les ETI. A ce titre, les résultats des appels à projet « Low Carbon Energy » consacrés à l’innovation et à la R&D sont plutôt confondants. Le solaire, et plus encore le solaire thermique, sont bien les parents pauvres de ces programmes européens.
Avec 4,4 millions d’euros affectés, le solaire thermique ne représente que 0,8% des 554 millions d’euros distribués par l’Europe sur les campagnes 2014 et 2015 de l’appel à projet Low Carbon Energy du programme Horizon 2020(1). Une misère. Raison invoquée : manque de crédibilité sur l’excellence des projets proposés. Les industriels du secteur, pourtant force d’innovation et de propositions, payent leur manque d’entregent et leur petitesse eu égard aux majors du secteur de l’énergie, rouleaux compresseurs et lobbyistes invétérés.
Quand on sait que près de 50% de l’énergie consommée en Europel’est sous forme de chaleur et de froid, et que le solaire thermique est en capacité de représenter 25% du potentiel de la chaleur renouvelable(2), la répartition des fonds alloués ne fait que peu de sens. En fait, c’est l’électricité qui se taille la part du lion en termes de budgets captés. Et là encore, les projets relatifs à l’énergie solaire photovoltaïque n’ont que peu été plébiscités par les instances européennes avec 18,3 millions d’euros de soutien soit 3.2% de l’enveloppe globale sur les exercices 2014 et 2015. Seul le solaire à concentration (CSP) a trouvé grâce aux yeux des experts européens avec 38,6 millions d’euros dédiés soit près de 7% du budget global.
Parmi les grands gagnants de ces investissements d’avenir, on trouve la biomasse et les biocarburants, la géothermie à forte vocation électrique, l’énergie des océans, l’énergie éolienne (surtout off shore) mais aussi la captation de carbone issue des énergies fossiles. Autant de domaines qui vont la part belle à l’énergie en grand, centralisée et non diffuse. L’Europe pense global et élude le local. L’Europe pense multinationale et obère l’artisanal et le social. L’énergie solaire décentralisée est créatrice d’emplois locaux, au plus près des territoires, aux plus près des citoyens qui ne rêvent que d’une chose, être maître de leur destin énergétique. Un destin qui semble leur échapper encore et encore
(1)Info Day on the Horizon 2020 Work programme 2016-2017 ‘Secure, Clean and Efficient Energy’ , 14-15 September 2015, Brussels
(2)Common Vision for the Renewable Heating & Cooling sector in Europe – European Technology Platform on Renewable Heating and Cooling