Fin 2009, Soitec a pris 80% de la société allemande Concentrix Solar, l’un des premiers fournisseurs mondiaux de systèmes photovoltaïques à concentration (CPV). Plus récemment, Alstom, par sa division Alstom Power, vient également de faire son entrée dans l’industrie du solaire en investissant 55 millions de dollars dans BrightSources, une société américaine spécialisée dans le solaire thermique à tour. Ces acquisitions, sur fond de synergies technologiques, montrent l’intérêt que portent ces entreprises du CAC 40 aux nouvelles formes d’énergies solaires. Récit de deux ambitions industrielles !
Qui s’en souvient encore mis à part quelques dinosaures du solaire ? En 1978, le président
Giscard d’Estaing créait le Commissariat à l’Energie Solaire. C’était l’époque du lancement de Thémis et des grandes expériences. La France avait trente ans d’avance. Et quand on pense qu’aujourd’hui, on glose sur l’avènement d’une filière industrielle française. Un gâchis bâti sur le culte de l’atome ! D’autres pays ont su être plus réactifs. On pense inexorablement à l’Allemagne mais aussi aux Etats-Unis, à l’Inde ou bien sûr à la Chine qui truste le marché mondial de l’énergie solaire à des coûts défiants toute concurrence.
Comment aujourd’hui rattraper le retard ? Le salut de l’énergie solaire made in France passera par la haute technologie ou ne passera pas. Seule la valeur ajoutée technologique et la niche d’excellence, donnent du sens à cette notion même de filière.
Synergie des technologies
Et sur ce point, il n’y a pas lieu d’être pessimiste. La France possède des joyaux industriels de grande qualité qui sont autant de références mondiales dans leur secteur d’activité. C’est le cas notamment de Soitec, fabricant spécialiste de circuit intégré à base de substrat innovant semi-conducteur. L’activité a été créée en 1992 et depuis, Soitec, environ 215
millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009, est devenu l’un des leaders mondiaux sur ce secteur.
« Dans cette industrie de la microélectronique, nous avons pu nous différencier grâce notamment à la fabrication de plaques de silicium monocristallin sur isolant. En fait, nous prélevons de fines couches de substrat isolant que nous déposons sur les plaques de silicium via le procédé « smart cut ». C’est la technologie du SOI (Silicon On Insulator), une sorte de sandwich de semi-conducteur à l’échelle atomique.
De quoi réduire de 40% la consomation électrique des puces ! Fort de cette expérience et
en quête de relais de croissance, nous avons observé les marchés sur lesquels nos technologies étaient en capacité d’apporter une forte valeur ajoutée. Tout naturellement, le photovoltaïque en pleine expansion a retenu notre attention » confie Emmanuel Arène, responsable de la nouvelle division photovoltaïque du groupe. Et en effet, les technologies très complexes des substrats s’appliquent parfaitement aux cellules photovoltaïques.
(la suite du dossier dans Plein Soleil n°26)