En visite à l’INES de Chambéry, François Hollande n’est pas venu les mains vides. Telle est souvent la règle dans ce type de déplacement. Dans sa besace, un doublement de l’appel d’offres CRE3 pour la filière solaire photovoltaïque. De quoi redonner quelques perspectives de marché aux acteurs du secteur.
Pas de doute, Ségolène Royal est la ministre qui a certainement le plus l’oreille du président de la République. Il y a quelques semaines, les professionnels du solaire photovoltaïque avaient fait part de leurs attentes à la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Au regard du volume très important de dépôts (une très forte souscription pour les lots de centrales au sol : près de 2 000 MW ont été déposés, pour 200 MW de puissance appelée) et du coût moyen toujours plus compétitif des offres remises à la Commission de Régulation de l’Energie (pour la première fois, ces prix sont comparables aux prix d’achat de l’électricité éolienne), ils avaient ainsi demandé à la ministre une réévaluation du volume de l’appel d’offres. Elle a su merveilleusement plaider cette cause auprès de François Hollande sur fond il est vrai de loi sur la transition énergétique et de COP 21 qui contraignent le pouvoir de passer des paroles aux actes.
« Beaucoup plus d’opportunités, beaucoup plus d’investissements qu’on ne l’avait imaginé »
Ce jeudi 20 août lors d’un déplacement en Isère et en Savoie, François Hollande, accompagné de Ségolène Royal, a donc fait un détour par l’INES (Institut National de l’Energie Solaire) au Bourget du Lac. Lors d’une table ronde très décontractée sur tabourets et autour de tables hautes, le président est venu mettre du baume au cÅ“ur aux acteurs de la filière solaire : « Beaucoup de chercheurs se dévouent ici pour cette énergie. Il y a eu un appel à projets pour 400 MW qui a été lancé par le gouvernement, par la ministre. Les dossiers ont été déposés au mois de juin auprès de la CRE pour qu’il puisse y avoir justement des solutions qui puissent être trouvées. En fait, il y a beaucoup plus de projets qui sont présentés, beaucoup plus d’opportunités, beaucoup plus d’investissements qu’on ne l’avait imaginé, donc j’ai décidé qu’on allait augmenter de 400 MW l’appel d’offres et que de 400 nous allons passer à 800 MW. Nous allons doubler pour que vous puissiez avoir beaucoup plus de capacité de développement en France, cela ne vous empêchera pas d’aller ensuite chercher des marchés extérieurs. Nous devons, la France, après la loi sur la transition énergétique, doit montrer l’exemple » a-t-il expliqué. Ces 400 MW supplémentaires qui seront sélectionnés, correspondent environ à quarante à soixante projets en sus.
« Des perspectives de marché à l’ensemble des acteurs »
Dans un communiqué, le ministère a tenu à précisé les termes de l’objectif solaire photovoltaïque : « Alors que la loi de transition énergétique pour la croissance verte vient d’être promulguée, l’objectif est d’accélérer le développement de projets photovoltaïques compétitifs et respectueux de l’environnement : en application du cahier des charges, seules les implantations qui ne consomment pas de terres agricoles sont permises, et les réhabilitations de sites pollués, dégradés ou déjà artificialisés sont fortement valorisées. Les résultats seront annoncés dans les prochaines semaines. Les projets auront ensuite un délai de deux ans pour être mis en service ».
De son côté, le SER, par l’intermédiaire de Jean-Louis Bal et Arnaud Mine, respectivement président du SER et président de SER-SOLER n’ont pas manqué de se réjouir : « Pour la filière photovoltaïque, aujourd’hui en proie à de graves difficultés, faute d’un marché intérieur suffisant, cette annonce qui complète celles de Ségolène Royal, fin juillet, redonne des perspectives de marché à l’ensemble des acteurs. Nous attendons désormais une programmation pluriannuelle de l’énergie ambitieuse pour cette filière en pleine croissance dans le monde et dont la baisse des coûts de production est véritablement spectaculaire ».