Précurseur de l’architecture solaire, l’architecte Françoise-Hélène Jourda est décédée lundi 1er juin. Par son discours novateur et radical sur l’intégration des énergies renouvelables à l’habitat, elle avait su dépoussiérer une profession encore très ancrée dans la convention. La filière solaire française lui doit beaucoup.
Françoise-Hélène Jourda avait soixante ans, une voix claire et un regard toujours pétillant de défis architecturaux et environnementaux à relever. Elle a tiré sa révérence le 1er juin dernier. Dès l’obtention de son diplôme en 1979, elle avait orienté son travail vers l’architecture environnementale dite «architecture solaire», très présentes dans les pays nordiques et germaniques. « J’ai fait mes études dans les années 70, les années de chasse au gaspi. J’ai étudié à Lyon l’architecture solaire. J’ai acquis par la suite une certaine reconnaissance sur le sujet via des projets et des réalisations concrètes en Allemagne. De quoi glaner la compétence et l’expertise ! » disait-elle lors d’une interview accordée au magazine Plein Soleil.
Dans cette même interview, elle évoquait déjà l’urgence de construire les bâtiments autrement : « Mais vous savez, je reste optimiste. Je crois qu’il n’est jamais trop tard à condition bien sûr que la prise en compte de l’ensemble des ressources – matière, énergie, eau – transforme désormais en profondeur les écritures de l’architecture. Les principes du développement durable doivent bouleverser l’architecture qui sera demain totalement différente d’aujourd’hui. C’est une nécessité absolue. Il n’y a pas d’esthétique solaire à proprement parler. Le problème du beau est qu’il obéit à des critères établis et que dans le solaire, ces critères n’existent pas encore. Et c’est là la difficulté. Faire accepter que l’on propose quelque chose de différent à des gens qui sont dans la convention qui devient elle-même universelle ». Parmi ses grands projets qui ont fait briller l’énergie solaire, on retiendra le Jardin botanique de Bordeaux (2007), et plus récemment la halle Pajol à Paris (2013).