La révélation par Mediapart du rapport commandé par l’Ademe démontre bien l’omerta imposée par l’industrie nucléaire sur l’avenir énergétique et électrique de la France.
Réaction de Michèle RIVASI, vice-Présidente du Groupe des verts/ALE au Parlement européen : « Alors que les coûts du nucléaire ne font que croître et que ceux de l’éolien ou du solaire ne font que diminuer, alors que la géothermie ou l’énergie marine représentent des gisements inépuisables et constants de production de chaleur ou d’électricité, la France s’entête à vouloir développer de nouvelles générations de réacteurs nucléaires, avec le succès que l’on connaît : un fiasco industriel.
Il est désormais prouvé qu’un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 – même avec des conditions météorologiques défavorables ! – est crédible car la France dispose d’un potentiel considérable en énergies renouvelables. La production pourrait atteindre 1268 TeraWatt heure (TWh), soit trois fois la demande d’électricité escomptée (422 TWh). Ce qui signifie non seulement que nous pourrions développer une indépendance électrique mais aussi en tirer des bénéfices en revendant nos excédents aux pays voisins grâce à l’interconnexion électrique que développe l’Union européenne.
Bien sûr, y parvenir demande une vision de long terme que les décideurs politiques n’ont jamais voulu développer, se cachant derrière des arguments aussi factices qu’irresponsables. L’État a pourtant les moyens d’impulser une telle révolution énergétique, mais encore doit-il accepter de permettre une véritable maîtrise de la demande pour la rendre compatible avec l’offre, ce qu’a toujours empêché le parc nucléaire.
Ce scénario prospectif doit nous permettre de nous réapproprier l’énergie et le débat qui l’entoure : nous avons le choix, prenons les décisions qui s’imposent. Ce que nous enseigne cette étude c’est qu’il faut tirer profit des disparités géographiques : chaque région a un potentiel différent et la résilience du système électrique dépendra de cette mixité. Dans le scénario de référence, la production se décomposerait en 63% d’éolien (terrestre et marin), 17% solaire, 13% hydraulique et 7% de thermique renouvelable (incluant la géothermie) pour un coût annuel total de 50.1 milliards d’euros, incluant les coûts de stockage et de réseau. Avec un coup du MegaWatt heure (MWh) de 119 euros ce scénario rentre déjà en concurrence avec le coût du MWh pour le projet EPR anglais à Hinkley Point (110 euros le MWh), et c’est sans compter d’éventuelles ruptures technologiques qui pourraient radicalement faire baisser certains coûts.
Imaginons, aussi le potentiel d’emplois que représentent l’isolation thermique des logements, mais aussi la construction et la maintenance d’infrastructures de production d’énergie locale. Réalisons les bénéfices que ceci apporterait à notre balance commerciale déficitaire. Mieux, imaginons devenir propriétaires de nos propres moyens de production : certaines communes ont déjà montré l’exemple en France.»