A l’heure où le GIEC annonce qu’il est nécessaire que 80% de l’électricité que nous produisons soit renouvelable et où la France s’isole de plus en plus en étant un des derniers pays au monde à ne pas miser sur le solaire photovoltaïque, il apparait important de rétablir certaines vérités en particulier concernant les perspectives de la filière.
Une filière dynamique qui réserve des surprises pour les années à venir
Qui a entendu parler de la loi de Swanson en France ? Probablement peu de personnes en dehors du cercle restreint des spécialistes du secteur. Cette loi est un peu l’équivalent photovoltaïque de la loi de Moore pour l’informatique. Attribuée à Richard Swanson (fondateur de Sunpower, racheté en 2011 par Total), elle observe que le prix d’une cellule photovoltaïque tend à chuter de 20 % lorsque la capacité de production mondiale de cellules double. Cette conjecture s’est révélée étonnamment vraie, avec des prix divisés par 100 entre 1977 et 2013. Ce qu’il faut en retenir c’est que le photovoltaïque est une industrie dynamique, voire même extrêmement dynamique, en particulier ces dernières années : en 2014, la demande de panneaux photovoltaïque dépasse l’offre et Bloomberg en vient même à prévoir une pénurie dans les années à venir, et ce malgré des investissements massifs dans le monde (sauf en France évidemment ), en particulier de la part de compagnie Chinoise (Jinko, Trina..) mais également Américaine (Sunedison, Solarcity ). Pourquoi un tel succès ? Les Nations du monde auraient-elles finalement pris leurs responsabilités et décidé de venir en aide à la planète en subventionnant massivement une énergie verte ? Evidemment non.
Le photovoltaïque est compétitif
En comparant les coûts des différentes sources d’énergies aux Etats Unis, on constate que l’électricité produite par les parcs photovoltaïques au sol est parmi les plus compétitives aux côtés du vent, du gaz et du charbon avec un prix estimé entre 60 et 90$/MWh… Autrement dit des valeurs 2 à 3 fois moins élevés que ce qu’Henri Proglio, l’ancien Président d’EDF, affirme devant nos représentants (même en prenant en compte, comme il préconise, un surcoût de 30% lié à l’intermittence).
Les subventions photovoltaïques
C’est surement le sujet le plus souvent pointé du doigt et pourtant cela fait des années que l’Agence Internationale de l’Energie dénonce les subventions.aux énergies fossiles ! Qui plus est, ces subventions ne font qu’augmenter ! A l’échelle mondiale, pétrole et gaz naturel reçoivent individuellement plus de subventions que les énergies renouvelables dans leur ensemble. Ainsi, l’OCDE a recensé 250 mécanismes de subventions aux énergies fossiles en 2009, 550 en 2013 et la France n’est pas en reste ! Certes, certains diront que ces valeurs sont biaisées car absolues et non relatives, mais la vraie question n’est elle pas de savoir pourquoi des technologies supposées matures bénéficient encore de telles subventions ? Qui plus est des technologies polluantes voire dangereuses ?
Le retour énergétique d’un panneau et impact carbone
L’impact environnemental majeur d’un panneau est lié à son retour énergétique. A ce titre, on entend souvent dire qu’un panneau consomme plus d’énergie à fabriquer qu’il n’en produit au cours de son existence. Un simple raisonnement mathématiques suffit à invalider cette affirmation : puisque le photovoltaïque est compétitif, et que la seule fonction d’un panneau est de générer de l’énergie, il produit forcément plus que ce qui a été consommé lors de sa fabrication. Pour être plus précis, la durée de vie d’un panneau est de 30 ans, et son retour énergétique se fait en 2 à 4 ans (en fonction de l’ensoleillement). D’ailleurs, Lazard vient confirmer l’intérêt du photovoltaïque pour limiter nos émissions carbones. On notera que d’après leur étude, le photovoltaïque au sol est la solution la plus efficace pour limiter les rejets CO2. L’université de Stanford va encore plus loin en soutenant que l’industrie photovoltaïque produit maintenant plus d’énergie qu’elle n’en consomme, et en conclu que le photovoltaïque permettrait de réaliser, à terme, une révolution énergétique sans carbone.
Energie clé dans le mondeune exception française ?
Quand le directeur de la Saudi Electricity Company (équivalent d’EDF en Arabie Saoudite) annonce que le photovoltaïque est un besoin et non un choix pour son pays, il convient de se poser des questions sur l’avenir de cette industrie. Total l’a fait et a tiré ses conclusions. Et c’est également vrai de la part de la part des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), considérées comme les plus grandes puissances émergentes. Il est regrettable que la France semble incapable de réaliser le changement de paradigme qui s’opère, se privant ainsi des opportunités qui en découlent. Il n’est pas trop tard pour une prise de conscience, mais pour être en position de leader et non de suiveur encore faut-il qu’elle survienne sans tarder.