Fonds de dotation Synergie solaire : Un rayon de soleil humaniste face à la morosité ambiante

Depuis 2010, le Fonds de dotation Synergie Solaire accompagne et soutient, en coopération avec des ONG, des projets solaires d’accès à l’énergie afin de répondre aux besoins d’électrification des populations les plus démunies. Avec l’objectif de fédérer les professionnels de la filière française des énergies renouvelables autour de ces missions humanitaires. Le bilan avec la présidente Hélène Demaegdt !

Plein Soleil : Vous avez créé Synergie Solaire il y a quatre ans, un fonds de dotation qui rassemble les professionnels de la filière française des énergies renouvelables et les sensibilise à des projets solaires d’accès à l’énergie à travers le monde, dans les pays émergents. Quel bilan tirez-vous de ces premières années ?

Hélène Demaegdt : Incontestablement, un bilan intéressant. Les chiffres clés font apparaître qu’à ce jour plus de 120 entreprises partenaires nous ont suivis dans notre projet. 12 ONG ont été accompagnées et 25 projets humanitaires concrétisés avec à la clé un soutien financier de l’ordre de 450 000 euros. A travers le monde, 250 000 personnes ont bénéficié des actions menées par Synergie Solaire notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et du développement économique. Nous permettons la création d’emplois comme dans ce centre artisanal de couture au Sénégal que nous avons électrifié. Nous avons été à la source de l’éclosion d’une petite filière qui va de la récolte du coton à la fabrication puis à la vente de vêtements pour artisans du monde.

Mécénat de compétences : Une belle façon de valoriser les talents

PS : Effectuez-vous un suivi des actions menées ?
HD : Il est très important pour nous d’accompagner ces projets dans la durée. C’est notre raison d’être. Nous savons qu’il ne sert à rien de venir poser trois panneaux solaires et de s’en aller. Nous tissons des liens durables avec les ONG, nous les accompagnons en proposant nos services de formation et de maintenance. Nous avons par exemple été parmi les premiers à proposer des systèmes de monitoring. Nous essayons d’être les plus professionnels possibles à l’instar de ce que nos entreprises partenaires réalisent en Europe sur leur chantier. Seule l’échelle est différente pas la manière de faire. J’aime parler de « skill anthropy », ce terme qui définit le cÅ“ur même de notre mission : Mettre ses compétences et ses talents au service des autres.

PS : Justement, les temps sont durs pour certaines de vos entreprises partenaires en France. Quelle est leur intérêt de laisser partir une semaine ou dix jours des salariés sur des chantiers du bout du monde alors que la situation est tellement tendue en France ?
HD : Sur les difficultés financières des entreprises de la filière, nous le ressentons bien évidemment. Beaucoup nous disent qu’elles aimeraient effectuer des dons financiers mais qu’elles sont dans l’incapacité de le faire. En revanche, elles nous mettent volontiers à disposition des ressources humaines. Ce mécénat de compétences permet à des techniciens ou des ingénieurs de quitter leur quotidien pour une aventure qui marquera leur vie. L’entreprise paie le déplacement et les ONG les accueillent sur place. A leur retour, les collaborateurs qui ont été missionnés reviennent avec du « punch ». Les chefs d’entreprises nous disent qu’ils sont ravis de pouvoir ainsi valoriser ces talents d’une autre manière. Malgré la crise, ces valeurs humaines d’engagement sont porteuses de sens. Nous sommes un peu le rayon de soleil humaniste face à la morosité ambiante.

Un élan de solidarité qui fait boule de neige

PS : Au-delà du mécénat de compétences avec les PME de la filière, Synergie Solaire a su rassembler beaucoup plus largement des donateurs. Comment expliquez-vous cet attrait ?
HD : C’est un peu comme si cet élan de solidarité faisait boule de neige. Ainsi des banques ou des assurances ont en effet, elles aussi, souhaité apporter leur écot et un concours financier à notre démarche stimulées par la motivation de leurs salariés. Nous touchons, il est vrai, de plus en plus de monde. Quand on sait par ailleurs que l’ONU vient de lancer la « Décennie de l’énergie durable pour tous » (2014-2024), on voit bien que le solaire ne va pas tarder à sortir de la grisaille en France et qu’il est voué à un destin mondialisé.

PS : Vous participez également au Trophées du mécénat d’entreprise pour l’environnement et le développement durable porté par le Ministère de l’écologie.
HD : C’est exact. Nous avons déposé notre dossier de candidature le 26 septembre dernier. Le Fonds de dotation est parfaitement positionné notamment au travers de ses partenariats avec des entreprises françaises du secteur. Nous attendons les résultats pour le mois de décembre avec beaucoup d’espoir.

PS : Un mot pour finir de votre dîner caritatif ?
HD : La 4ème édition du Dîner caritatif Synergie Solaire se tiendra le 24 novembre 2014 à l’Institut du Monde Arabe (Paris). Il rassemblera 200 professionnels des EnR et une vingtaine de représentants d’ONG. Avec des moments forts plein d’émotions. Un événement fédérateur !
Encadré

Retour d’expérience

Le Fonds de dotation Synergie Solaire a financé un projet d’école bioclimatique située en Inde, dans la région du Ladakh, à 3600 mètres d’altitude. Finalisé en juillet dernier après 3 mois de travaux, l’école de Shey Lamdon compte désormais un bâtiment solaire passif tout neuf comprenant deux nouvelles salles de classe ainsi qu’un équipement solaire thermique dont vont bénéficier 225 élèves. Partenaire de Synergie Solaire, l’entreprise SOTRAnasa, fortement engagée dans des projets de solidarité, est intervenue en tant que mécène de compétence dans l’intégration du système solaire thermique. SOTRAnasa a apporté son savoir-faire et sa technicité avec la présence sur le terrain de deux de ses collaborateurs. « Cette expérience fut hors du commun aussi bien sur le plan humain avec l’accueil des ladakhis empreints d’humilité, le sourire des enfants, et notre profonde envie de leurs apporter un minimum de confort en hiver ; que sur le plan professionnel avec une mission réalisée dans des conditions difficiles : 3 500 m d’altitude, une durée limitée à 15 jours, un éloignement de 15 km entre le chantier et la ville de LEH. Cette expérience restera inoubliable, c’est une chance d’avoir eu l’opportunité de la vivre » témoignent Henri Gerboles, Chargé d’étude, et Serge Sola, Chef de chantier génie climatique Sotranasa.
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