Thémis Solaire Innovation, nouveau haut-lieu du solaire européen

Si elle vient de rouvrir ses portes aux touristes le 14 juillet dernier avec trois expositions au programme, la plate-forme Thémis Solaire Innovation joue également à fond la carte du développement économique, technologique et scientifique. Dotée de bureaux très fonctionnels et d’un auditorium de 136 places, elle est en effet en capacité d’accueillir des entreprises innovantes mais aussi des sessions de formations, des colloques ou des conférences. A l’extérieur, à même les flancs de la montagne, miroirs et héliostats tournoient au rythme des six programmes de recherche et de développement sur les technologies solaires concentrées (thermodynamique et photovoltaïque) menées par des laboratoires et des sociétés. Visite d’un phénix de l’énergie solaire qui retrouve des couleurs !

Lundi 14 juillet dernier, la plate-forme Thémis Solaire Innovation a rouvert ses portes au public après de longs mois de travaux. Trois expositions dont une de la Cité des sciences sont ainsi à visiter en entrée libre et gratuite au sein du bâtiment rénové dont la façade sud est recouverte de panneaux photovoltaïque. En cet été 2014, les 15 000 touristes attendus sont donc conviés à renouer avec le fil de l’histoire de l’énergie solaire en pays catalan, quelque part sur le plateau cerdan, à 1650 mètres
d’altitudes.

De la friche industrielle à la reconversion en site de R&D

Et justement, cette histoire nous ramène en 1981, date de début de la construction de la centrale Thémis de Targassonne à quelques encablures du four solaire de Font-Romeu Odeillo. Suite aux deux chocs pétroliers, la France qui avait créé un Commissariat à l’Energie Solaire dans les années 1970 s’était lancée dans un programme solaire ambitieux dont l’une des figures de proue était la centrale à tour Thémis. La présence dans les montagnes pyrénéennes de cette centrale thermodynamique high tech pour l’époque était notamment justifiée par un ensoleillement direct parmi les plus prégnants d’Europe à savoir 1800 watts par m² et par an. Ce bouillonnement autour de l’énergie solaire ne fut hélas que feu de paille. Quatre à cinq ans plus tard, la centrale a été mise au rancart par la maison mère EDF. Pendant des années, les miroirs perchés sur les héliostats, n’ont eu d’utilité que la nuit pour traquer les étoiles et les abysses de nos galaxies environnantes au service d’un laboratoire d’astronomie du CNRS. Une sorte de télescope géant ! En juin 2003, après l’abandon de cette activité, le site devient une friche industrielle. Son propriétaire, le Conseil Général des Pyrénées-Orientales se trouve alors devant un choix cornélien : Soit démanteler le site, soit lui redonner une âme à travers une activité de R&D en matière de conversion de l’énergie solaire pour produire de l’électricité. Après quelques études techniques, le président d’alors, Christian Bourquin, devenu président de Région, dit banco. En bon visionnaire et expert ès maïeutique, il fait accoucher le projet de reconversion du site qui est labellisé par le pôle de compétitivité DERBI dès 2005.

Des programmes qui préparent l’énergie solaire de demain

Peu à peu, la centrale reprend vie. Des programmes de R&D se mettent en place sur les 102 hectares de la plate-forme. La société Soitec y a développé un spot de démonstration de ses cellules à concentration, Thémis Phoc. La société Euromed travaille sur la technologie Augustin Fresnel à génération directe de vapeur à haute température par concentrateurs linéaires. Applications industrielles : électricité, dessalement d’eau, pompage, rafraîchissement/chauffage etc. EDF Energies Nouvelles a fait également acte de candidature et a posé des trackers signés Exosun pour comparer la production électrique de quatre types de modules photovoltaïques dont deux à faible concentration solaire. Le projet s’intitule Censol-PV. La société Sunergie PV drivé par le bureau d’études Tecsol teste également sur site quatre héliostats avec des modules photovoltaïques pour une optimisation de la production. Le projet global de 800 kWc soumis à appel d’offre devrait sortir dans les mois à venir. Enfin l’opération PEGASE, portée par le laboratoire PROMES du CNRS. 107 héliostats, ainsi que la tour, ont été mis à la disposition du laboratoire CNRS PROMES (PROcédés Matériaux et Energies Solaires) qui développe sur le site un programme de recherche sur les centrales solaires à tour. Ce programme vise à mettre au point un dispositif thermodynamique de nouvelle génération basé sur une technologie différente de celle développée dans les années 80. Il s’agit plus précisément de réaliser et tester un système hybride solaire/fossile utilisant la chaleur solaire pour surchauffer l’air entrant dans une turbine à gaz. Le dispositif a pour but d’ouvrir la voie à des centrales solaires utilisant des cycles combinés solaire/gaz, à très haut rendement. « Nous travaillons sur une technologie robuste qui a une vocation industrielle court terme. Une petite turbine (100 kW électrique et 500 kW thermique) va prochainement être testée. Nous avons pour objectif une turbine de 2 MW électrique avec un récepteur à 4 MW thermique si possible autour d’une valorisation sous forme de stockage verre ou céramique » confie Alain Ferrière, responsable scientifique PROMES.

Création d’une offre d’immobilier d’Entreprises

Dans le cadre du projet global de reconversion de la plateforme Thémis Solaire Innovation, le Département des Pyrénées-Orientales et la Région Languedoc-Roussillon ont cassé leur tirelire. Ils ont investi près de 9 millions d’euros sur le site. Le bâtiment usine qui abritait la machinerie (la turbine et les 450 tonnes de sels fondus) de la centrale originelle a été totalement repensé. « L’idée de l’architecte du projet a été de positionner des boîtes dans la grande boîte de 2300 m² et de 15 mètres de haut » explique David Haze, responsable du projet Thémis au Conseil Général 66. Outre les deux salles d’expositions de 300 m² chacune, la reconversion du site de Thémis a également permis de créer 4 salles de réunion ainsi qu’un auditorium de 136 places. Ces outils, qui sont mis à la disposition du monde de l’enseignement (université, CNRS, écoles d’ingénieurs, etc.) et de la formation professionnelle, permettent d’organiser des formations pratiques ainsi que des séminaires sur le thème des énergies renouvelables solaires. Thémis Solaire Innovation met par ailleurs à disposition des sociétés de la filière solaire une maison des Entreprises avec une offre locative modulable au sein d’un bâtiment tertiaire de 850 m2 disposant d’une offre de services mutualisés (salles de réunion avec système de vidéoconférence, showroom, etc.). A ce titre, Gautier Pépin vient d’ores et déjà d’être recruter pour commercialiser ces espaces. Sans oublier le logement du gardien, qui est un bâtiment bioclimatique à ossature bois, économe en énergie. Comme une évidence pour Thémis Solaire innovation qui a pour ambition de devenir l’une des premières plates-formes européennes d’innovation sur les technologies solaires !
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