A l’arrêt depuis le mois de décembre 2013, les lignes ultra modernes et très automatisées de production de panneaux photovoltaïques de l’usine Bosch pourraient reprendre du service dès le mois juin sur le site de Vénissieux (Rhône). Mercredi 5 mars, Bruno Cassin, PDG de Sillia Energie, est venu présenter son projet définitif aux instances représentatives avec à la clé le sauvetage de 128 emplois au sein de l’entreprise. Un nouvel élan pour la filière industrielle française !
La reprise de l’usine de panneaux photovoltaïques Bosch de Vénissieux par Sillia et Urba Solar devient une réalité. L’offre proposée par ce binôme original industriel/ développeur – de toute façon, il n’y a pas d’autres propositions de reprise, observe Serge Truscello, délégué syndical CGT – a fini par s’imposer, tout au long il faut le dire d’une négociation complexe. « Sillia n’est pas seule dans l’opération. Il faut être réaliste, Sillia en tant que PME n’est qu’un petit acteur et n’était pas à même de conduire en solitaire un tel programme. Même si nous avons donné des gages en matière de mode de fonctionnement de nos équipes, de nos capacités globales et de notre professionnalisme, Sillia n’est que le catalyseur d’un programme industriel de grande envergure » assure avec beaucoup d’humilité, Bruno Cassin, PDG de Sillia.
Une volonté sans faille du groupe Bosch de faire aboutir la reprise
Plusieurs éléments clés sont en effet venus confortés la faisabilité de cette reprise. Rien n’aurait pu se faire sans la volonté de Bosch d’accompagner le repreneur. « Les dirigeants de Bosch ont été exceptionnels dans l’aide au projet comme dans son accompagnement social » assure le PDG de Sillia. Ainsi, pour faciliter la reprise et le redémarrage de la production de l’usine de Vénissieux, le groupe Bosch accepte de céder l’activité pour un euro symbolique et de verser 3,1 millions d’euros par an, pendant trois ans aux repreneurs. « Bosch va nous permettre d’acquérir de la productivité nécessaire à la compétitivité et d’atteindre l’équilibre financier au terme des trois premières années. Il s’agit d’un confort de fonctionnement, de sortes de parachutes en cas de difficultés. Mais nous sommes conscients que nous avons peu de temps devant nous et que l’utilisation de ces fonds est à minimiser le plus rapidement possible » poursuit Bruno Cassin.
Rien n’aurait pu se faire non plus sans le fort soutien de l’Etat et notamment de Philippe Martin, ministre de l’Ecologie qui a confirmé le raccordement de 800 MW annuel de photovoltaïque en France et le lancement rapide d’un nouvel appel d’offres CRE (400 MW) dont deux tiers des propositions déposées intègrent dans leur offre des panneaux produits par Sillia Energie.. Sans ces objectifs affirmés, la reprise de l’usine n’aurait eu que peu de sens. Sans oublier la volonté du ministre du Redressement Productif pour lequel le site de Vénissieux représentait une image très importante et symbolique de la filière industrielle solaire française. « Et je n’oublie pas Urba Solar, partenaire historique de Sillia même avant cette opération avec Bosch, qui a confirmé l’amplification de son implication dans ce projet. Ils ont une vision stratégique et commerciale qui est susceptible de nous aider à travers une ambition moyen terme en France mais aussi à l’International » confie Bruno Cassin. L’ensemble des pièces réunis de ce puzzle, « dans le cadre d’un consensus national, j’ose le dire » clame Bruno Cassin, a rendu possible cette reprise.
Un message lancé aux opérateurs
Avec les usines de Lannion (Côtes-d’Armor) et de Vénissieux, Sillia Energie disposera à horizon 2015 d’une capacité totale de production de 220 MWc. « Je lance un message aux opérateurs et aux développeurs afin qu’ils coopèrent avec nous dans une logique de gagnant-gagnant. On ne peut pas faire que réclamer sans jamais donner. Certains ont fait de très bonnes affaires en sacrifiant l’amont de la filière. Exit le gagnant-perdant ! A chacun de balayer devant sa porte. Il existe un vrai message derrière ce projet symbolique. Il y a de la place pour faire entrer la filière industrielle en résistance avec l’aval désormais. C’est la clé de l’avenir » assure Bruno Cassin.
Au plan social, outre quatre-vingts départs en pré-retraite et une vingtaine de départs volontaires, cent vingt-huit salariés seraient repris et quatorze autres intégreraient l’usine mitoyenne de Bosch Rexroth à Vénissieux. Pour Marc Soubitez (CFDT), l’offre de Sillia Energie est parfaitement crédible. Si la procédure judiciaire arrive à son terme dans ces conditions, le redémarrage de l’usine de Vénissieux pourrait être effectif début juin 2014, avec trois équipes. El le solaire photovoltaïque industriel « Made in France » de reprendre enfin des couleurs à l’orée de cet été 2014 !