La société Solairedirect qui compte deux cent cinquante salariés vit un paradoxe. Alors qu’elle affiche une croissance insolente de 30%, elle se sépare de soixante personnes en France pour s’adapter aux évolutions de ce marché. La faute à un gouvernement français autiste en matière de solaire ! Dans le même temps et dans le cadre de sa stratégie globale de solaire compétitif, Solairedirect vient d’inaugurer un premier parc solaire au Chili et de conclure une série de contrats de vente d’électricité et de développement/construction d’importants projets aux Etats-Unis, en Inde et aux Philippines. Constat d’une incompréhension légitime !
Lundi 16 décembre. Thierry Lepercq président de Solairedirect descend à peine de son avion en provenance de Santiago du Chili. Jetlag attitude ! Trois jours auparavant, en compagnie de Jorge Bunster, ministre chilien de l’Energie, il a participé à une inauguration historique à Andacollo (Chili) un des tous premiers parcs solaires du pays, d’une puissance de 1,3 MW. « Nous avons reçu là -bas un accueil exceptionnel avec le ministre et de nombreux parlementaires, une couverture médiatique importante avec tous les médias et la télévision jusqu’à la bénédiction par un ecclésiastique. Le Chili est aujourd’hui un magnifique point d’entrée pour le solaire compétitif » confie encore ému Thierry Lepercq, lui qui a cité en espagnol dans le texte lors de l’inauguration quelques lignes de la poétesse chilienne prix de Nobel de littérature Gabriela Mistral homonyme de l’autre Mistral nobélisé et provençal Frédéric. Il s’agit là de la première installation de ce type raccordée au réseau faisant l’objet d’un contrat de vente privé (PPA) (en l’occurrence à une compagnie minière – Minera Dayton) à un prix inférieur au prix de gros de l’électricité. Cette première réalisation est un prélude à un projet beaucoup plus important (Los Loros, 53 MW) qui s’appuiera sur la vente directe d’électricité sur le marché de gros.
Le solaire compétitif : Une réalité partout dans le monde
Avec des coûts compris entre 50 et 100 €/MWh suivant les zones, l’électricité solaire photovoltaïque s’impose aujourd’hui partout dans le monde comme une source d’énergie ultra compétitive. Solairedirect, avec son modèle industriel intégré d’ingénieriste/énergéticien et ses offres de services innovantes est en pointe pour saisir les opportunités considérables qui s’ouvrent aujourd’hui partout dans le monde. « Nous sommes en train de vivre un véritable basculement vers l’international. Solairedirect est en train de réaliser sa transition géographique » poursuit son président en écho à d’autres transitions moins prolifiques. Solairedirect vient ainsi de signer un contrat de vente d’électricité (PPA) avec une grande compagnie d’électricité américaine pour le site d’Adera (Californie), d’une puissance de 25 MW, avec un prix inférieur à 60 €/MWh garanti sur 25 ans. Le lancement de la construction est prévu pour le deuxième trimestre 2014. En Inde, Solairedirect a conclu avec l’Etat du Pendjab un contrat portant sur la vente d’électricité sur 25 ans au prix fixe de 7,99 Rs/kWh (95 €/MWh) pour une puissance de 20 MW. Le démarrage de construction sur les projets concernés est prévu au premier trimestre 2014. Enfin aux Philippines, Solairedirect vient de créer avec GAAD, important acteur de l’électricité dans le pays, une joint-venture en vue du développement de plus de 100 MW de projets solaires au cours des trois prochaines années.
Le débat français ne mène nulle part
Mais la compétitivité, c’est aussi en France, où Solairedirect vient d’inaugurer à Istres (Bouches-du Rhône) un parc solaire de 8 MW. Entre 2012 et 2014, Solairedirect aura installé 100 MW sur le sol français à un prix compris entre 100 à 120 le MWh. « Nous sommes même en train de réaliser une centrale à 84 euros le MWh, une démonstration éclatante sur fond de tarif d’achat à un niveau très inférieur à celui constaté sur les nouvelles centrales nucléaires, et inférieur de plus de 60% à celui de l’éolien offshore que la France continue de soutenir. Je pense que nos gouvernants ont perdu la tête quand on voit le refus de la Grande-Bretagne de poursuivre dans l’éolien off-shore trop dispendieux » déplore Thierry Lepercq qui prend acte de manière désolée pour la France. « La France est un inamovible cimetière nucléaire. Le débat français ne mène nulle part. La France c’est aujourd’hui 1% du marché solaire mondial. Demain, 0,5%. Nous sommes réalistes sur le rapport de force dans l’Hexagone. Mais nous ne quittons pas la France, nous restons pleinement engagés au service du développement de l’énergie solaire en France, notamment dans le cadre de nos multiples partenariats avec de nombreux territoires. Nous continuons à nous battre et nous ferons un jour la preuve que le solaire compétitif a véritablement un avenir en France » s’obstine Thierry Lepercq. Dans cette perspective, l’entreprise se positionne en pointe sur les prochains appels d’offres de la CRE dans le cadre de partenariats-clés avec plusieurs industriels français. Elle travaille activement à de nouvelles offres d’électricité solaire compétitive dans le cadre de l’autoconsommation au niveau de la boucle locale électrique.
Un redimensionnement de l’activité sur le marché français
Reste que, suite aux mesures prises depuis fin 2012 mettant un terme à l’essentiel des dispositifs de tarifs d’achats solaires prévalant en France, Solairedirect est contraint de redimensionner son activité sur ce marché en procédant notamment à une réduction significative des effectifs qui lui sont consacrés. Ces licenciements, qui interviendront à partir de mi-2014, concernent les activités de développement et de construction de parcs solaires, basées à Aix-en-Provence, à Paris et à Bordeaux, tandis que les autres métiers comme l’ingénierie, le financement et le développement d’offres seront préservés. « C’est déchirant. Nous regrettons vivement les conséquences industrielles et humaines des mesures ainsi prises. Soixante personnes au savoir-faire très franco-français devraient quitter le groupe dans les prochains mois, des gens talentueux aux compétences exceptionnelles. Un gâchis scandaleux ! Nous allons les accompagner, les aider à monter leur entreprise » déclare Thierry Lepercq. Après ces départs, Solairedirect comptera encore une centaine de collaborateurs en France.
Les effectifs du Groupe devraient néanmoins rester stables autour de deux cent cinquante personnes dans les prochains mois grâce aux développements à l’international. Solairedirect va en effet créer trois pôles de compétence dans le monde. Au Chili, le centre sera consacré à la recherche sur les solutions hybrides solaire/gaz ou diesel. En Inde, un pôle sera dédié à l’ingénierie axé sur le Balance Of System (BOS). Enfin l’Afrique du Sud conserve sa vocation de pôle industriel du groupe, un Å“il sur l’amont de la chaîne de valeurs, dont la capacité de production passera de 40 à 100 MW dans les prochaines semaines. On le voit, Solairedirect repense son organisation pour s’adapter au boom mondial de l’électricité solaire compétitive. Le chiffre d’affaires 2013 devrait bondir de 30% à 170 millions d’euros, pour un bénéfice net autour de 10 millions d’euros, comparable à celui de 2012. La croissance devrait encore s’accélérer en 2014. Dans trois ans, Solairedirect prévoit même de réaliser 1 GW de projets par an. Pendant ce temps, la France perd des emplois et joue dans le solaire la partition de la « belle endormie » pour faire référence à un autre prix Nobel, Kawabata, un écrivain issu d’un pays le Japon qui a mis les bouchées doubles en matière de solaire dans le trauma post Fukushima.
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